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Congrès de la CGT : le ton combatif ne compense pas un long attentisme
Réuni à Marseille du 18 au 22 avril, le 51e congrès confédéral de la CGT s’est terminé, outre la réélection de Philippe Martinez au poste de secrétaire général, par un appel « fort et déterminé » à « poursuivre et amplifier le rapport de force jusqu’au retrait de la loi travail ». Ce texte invite à organiser des assemblées générales dans toutes les entreprises pour que « les salariés décident, sur la base de leurs revendications et dans l’unité, de la grève et de sa reconduction ».
Le ton combatif de ce texte, ajouté aux sifflets des congressistes adressés au représentant du PS ou à celui de la CFDT, tout comme leur rejet du « syndicalisme rassemblé », ont fait dire aux commentateurs que la CGT « se radicalise et s’isole ». La réalité, c’est que le congrès confédéral s’est déroulé alors que la mobilisation contre la loi El Khomri est engagée depuis deux mois. Les manifestations réussies redonnent le moral et l’envie de contester la politique du gouvernement à de nombreux militants. Philippe Martinez et son équipe dirigeante ont d’autant moins de réserve pour accompagner ce regain de combativité, qu’ils ne sont pas débordés par un mouvement explosif.
La tonalité du congrès de Marseille, conclu par cet appel regonflant, satisfait bien des militants qui pourront s’en emparer pour tenter de mobiliser leurs camarades de travail. Mais il ne suffit pas d’évoquer la « grève reconductible » pour changer de politique et avoir un véritable programme de lutte. Les multiples attaques portées depuis quatre ans par le gouvernement Hollande, et surtout le fait qu’elles soient restées sans la moindre réaction, pèsent sur le moral des travailleurs, comme pèse plus généralement le chômage. Le sentiment qu’en face ils sont trop forts et qu’on ne peut pas les faire reculer reste le plus répandu. Mais comment les travailleurs pourraient-ils avoir envie de se battre quand ceux qui sont supposés parler en leur nom se montrent irrésolus ? Or, depuis quatre ans, la direction de la CGT, n’a rien fait pour redonner moral et perspective aux travailleurs. Elle n’a pas cherché à les convaincre que Hollande ou Sarkozy, c’était du pareil au même, qu’ils défendaient l’un comme l’autre le patronat et que le monde du travail n’avait pas d’autres choix que de se battre.
À ce jour, malgré l’appel pour « décider de la reconduction de la grève », aucune nouvelle date de grève n’est proposée, après le 28 avril. Elle serait pourtant bien nécessaire, comme étape intermédiaire, pour entraîner de nouvelles couches de travailleurs dans le mouvement.
Dans la guerre sans merci menée par le patronat pour accroître sans cesse l’exploitation et réduire la part laissée aux travailleurs, il est indispensable que ces derniers relèvent la tête et prennent conscience de leur force collective. Ils y parviendraient certainement plus facilement si les militants ouvriers, et ceux de la CGT en particulier, avaient eux-mêmes une boussole et une feuille de route claire.