Pologne : Église et gouvernement veulent interdire l’avortement06/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2488.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pologne : Église et gouvernement veulent interdire l’avortement

Dimanche 3 avril, des milliers de femmes ont manifesté à Varsovie pour protester contre un projet de loi visant à interdire totalement l’avortement. Elles ont brandi des cintres, symboles de l’avortement clandestin auquel sont contraintes de recourir d’ores et déjà les femmes des milieux populaires.

Le matin même, dans toutes les églises du pays, les prêtres avaient lu un appel de l’épiscopat polonais au gouvernement l’incitant à « protéger la vie des non-nés » et à adopter au plus vite la loi en question.

Pourtant il ne reste déjà quasiment rien du droit à l’avortement en Pologne. De 1956 à 1993, il était libre et gratuit. Mais, à cette date déjà, il avait été pratiquement interdit sous l’influence de l’Église catholique et limité à seulement trois cas : le viol ou l’inceste, une pathologie grave de l’embryon, le risque de mort pour la mère. Depuis, d’après les chiffres gouvernementaux, il n’y a plus officiellement en Pologne que quelques centaines de cas d’avortement. En réalité, l’immense majorité de ceux-ci, entre 100 000 et 150 000 chaque année d’après les organisations féministes, se pratiquent de façon clandestine, dans les pires conditions pour les femmes des milieux populaires, les femmes des milieux aisés pouvant toujours se rendre à l’étranger.

Mais les trois dérogations de la loi de 1993 sont encore trop pour l’Église et les conservateurs, dont la Première ministre, qui font pression pour que l’avortement soit interdit même en cas de viol, d’inceste ou de pathologie grave de l’embryon. Avec cette loi, un médecin pratiquant une IVG risquera aussi cinq ans de prison.

Contre tous les « talibans », comme les manifestantes désignent les conservateurs et l’Église, des milliers de femmes ont engagé le combat.

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