- Accueil
- Lutte ouvrière n°2488
- Migrants : une politique assassine
Dans le monde
Migrants : une politique assassine
Lundi 4 avril, en application de l’accord signé entre l’Union européenne et la Turquie, deux cents migrants ont été expulsés des îles grecques de Chios et de Lesbos vers ce pays.
Tous les réfugiés arrivés après le 20 mars devraient subir le même sort. Ils seraient plus de 1 700 à Chios, dans un camp de 1 200 places. Désormais, il ne s’agit plus d’accueil mais de rétention. Vu les conditions extrêmement précaires, des affrontements ont eu lieu entre migrants et, malgré les barbelés, quelques centaines d’entre eux sont sortis et se sont installés sur le port, sans grand espoir de quitter l’île, faute de laisser-passer. À Lesbos, le camp de rétention est également surpeuplé. Quant au camp improvisé par des bénévoles, qui reçoivent des réfugiés malades ou blessés, il est menacé de fermeture.
Voilà le résultat du sordide marchandage imposé par les dirigeants européens pour tenter de tarir le flot des migrants. Moyennant un soutien financier au gouvernement turc, ils lui renvoient les arrivants récents. Pour un expulsé, les pays européens acceptent de recevoir en retour un Syrien déjà installé en Turquie. Et encore, ce sera dans la limite de 72 000 réfugiés qui seront répartis sur l’ensemble des pays de l’Union européenne, qui compte plus de 500 millions d’habitants !
Des organisations humanitaires protestent contre le traitement réservé aux réfugiés, que ce soit dans les îles ou en Grèce continentale. Ceux qui sont bloqués à la frontière macédonienne ou au Pirée ne sont pas en détention ni menacés d’expulsion immédiate. Mais beaucoup préfèrent rester sous des tentes, y compris au nord, sous la pluie, ou sur le bitume du Pirée, plutôt que d’intégrer des centres d’accueil trop peu nombreux ou insuffisamment équipés. Certains craignent aussi qu’ils puissent se transformer un jour en centres de rétention fermés.
Le plan européen est à la fois ignoble et inefficace. L’Allemagne exceptée, les pays riches n’ont accueilli qu’un nombre dérisoire de migrants par rapport à leur population et à leurs capacités économiques. Le gouvernement français, lui, a promis du personnel pour aider à l’établissement de demandes d’asile, mais tout ce qu’il a envoyé pour le moment dans les îles grecques est un contingent de CRS !
Pourtant, encore maintenant, des migrants quittent clandestinement la Turquie pour les îles grecques. Beaucoup d’autres vont tenter des traversées plus longues et plus dangereuses parce que toute autre issue leur est interdite. Et on comptera encore de nombreux morts, assassinés par la politique des dirigeants européens.