Justice sinistrée : Urvoas découvre06/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2488.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Justice sinistrée : Urvoas découvre

Urvoas, le nouveau ministre de la Justice qui a pris la place de Christiane Taubira, a eu l’air de découvrir la situation désastreuse dans son ministère.

Il décrit une justice à bout de souffle, en état d’urgence absolue, sinistrée, signalant : « Je connais même un tribunal où on n’imprime plus les jugements, parce qu’il n’y a plus d’argent pour les ramettes de papier. »

Tout cela existe pourtant depuis de longues années. La misère des tribunaux est dénoncée depuis fort longtemps. Des frondes de magistrats, il y en a eu plusieurs, en particulier du temps de Sarkozy, quand la ministre de la Justice d’alors, Rachida Dati, a supprimé des dizaines de juridictions pour faire des économies.

Récemment, les magistrats du tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis ont assigné l’État à cause de l’insuffisance des moyens qui leur sont attribués. Manque de juges, de personnel (greffiers), de petit matériel (les fonctionnaires réduits à acheter eux-mêmes agrafes et fournitures de bureau), etc. Du coup les audiences ont lieu avec beaucoup de retard, les jugements sont rendus à toute allure, en quelques minutes généralement.

Pour le volet pénitentiaire, qui dépend du ministère de la Justice, la situation est aussi calamiteuse, avec d’une part des prisons surpeuplées et en même temps un nombre insuffisant de gardiens : on en met trois ou deux, là où il en faudrait quatre.

Tout cela était bien connu, et Urvoas ne pouvait l’ignorer avant d’accéder à son poste. Il met l’accent sur une dette de 170 millions d’euros que son ministère ne peut pas payer à ses fournisseurs. Urvoas admet que des « efforts » ont été faits depuis 2012 sur les créations de postes mais, dit-il, « les budgets de fonctionnement n’ont pas suivi ».

Le budget de la Justice est de l’ordre de 8 milliards d’euros par an. Les cadeaux de l’État au patronat rien qu’au titre du CICE ont été de plus du double pour l’année 2015. Évidemment, si l’argent public va au capital, il manque pour le reste, entre autres pour la Justice. Et ce n’est pas près de changer. Urvoas, qui proteste pour son ministère, n’en soutient pas moins cette politique du gouvernement Hollande-Valls.

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