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Leur société
Interprètes afghans : le mépris du gouvernement
200 interprètes employés par l’armée française, juqu’à son départ d’Afghanistan fin 2012, ont demandé des visas pour se réfugier en France. Ils sont menacés par les talibans. Mais ces visas ne sont accordés qu’au compte-gouttes, et seulement une trentaine de ces interprètes afghans sont arrivés en France.
Les autorités françaises ont tout d’abord refusé les demandes de visas. Il a fallu l’intervention d’un collectif d’avocats, en avril 2015, pour que François Hollande annonce que les dossiers seraient réexaminés dans un délai de deux mois. Mais, les critères n’ayant pas changé, la situation ne s’est pas améliorée et les visas ont continué à être refusés. Comble d’hypocrisie, les interprètes doivent fournir la preuve matérielle d’une menace actuelle, alors que plusieurs d’entre eux ont déjà été assassinés.
Lorsque ces interprètes accompagnaient les troupes françaises dans les villages, ils étaient reconnus et souvent photographiés. Les talibans veulent maintenant leur faire payer cette collaboration, à eux mais aussi à leur famille. Ils les menacent de décapitation et écrivent que « les interprètes sont tous des espions, des traîtres et des infidèles pour leur pays. Quiconque les tue va au paradis. » Mais cela ne suffit pas aux autorités françaises pour considérer qu’il y a menace. Le collectif d’avocats a donc décidé d’attaquer désormais l’État en justice pour chaque refus.
Le gouvernement actuel répète aujourd’hui avec ces interprètes l’attitude qui a toujours été celle des dirigeants français envers les supplétifs recrutés dans la population locale. L’armée française les utilise, sans aucun souci des risques qu’elle leur fait courir, après quoi elle les abandonne. Cette attitude avait déjà été celle adoptée lors de la guerre d’Algérie avec les harkis. Elle suffit à montrer le mépris profond des dirigeants français envers la population de pays comme l’Afghanistan, où ils prétendent envoyer l’armée au secours des habitants.