Belgique : la police à l’œuvre06/04/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/04/2488.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : la police à l’œuvre

Samedi, 2 avril, le groupe d’extrême droite Génération identitaire avait appelé à une manifestation sur la place communale de Molenbeek, dans la banlieue de Bruxelles, avec le mot d’ordre « Expulsons les islamistes ». Les appels haineux dans les réseaux sociaux fusaient, appelant à « casser de l’Arabe » et à occuper une mosquée.

Les autorités ont alors interdit toute manifestation et mobilisé des contingents policiers impressionnants, avec autopompes, chiens et police à cheval.

Plusieurs groupes d’extrême gauche, d’associations antiracistes et d’autres, avaient également appelé à se rassembler sur la place de la Bourse à Bruxelles, devenu le lieu de commémoration pour les victimes de l’attentat, pour manifester leur opposition à l’extrême droite et à la haine raciste.

Leur rassemblement a été le premier à être dissous. Dès 13 heures, la police a embarqué tous ceux qui ne partaient pas d’eux-mêmes.

Génération identitaire avait finalement annulé le rendez-vous deux jours avant, les manifestants de l’extrême droite eux n’ont pas été nombreux à faire le déplacement et il n’y a eu que quelques arrestations parmi les manifestants d’extrême droite.

Le véritable objectif de la mobilisation en force de la police était en fait les habitants de Molenbeek eux-mêmes. Beaucoup de jeunes, mais pas seulement, s’étaient rassemblés dans la rue pour montrer « à ces fachos que nous sommes là aussi », comme l’a dit un jeune. Les habitants de ce quartier populaire, un des plus pauvres de Bruxelles, sont sous le feu des projecteurs depuis les attentats de Paris. Tous ont vécu des perquisitions dans leur quartier, souvent brutales, et pas toujours à la bonne adresse, et les contrôles d’identité qui se multiplient.

En fait, les autopompes, mobilisées prétendument contre l’extrême droite, sont restées pointées sur les habitants presque tout au long de l’après-midi. Et une trentaine de jeunes qui essayaient de gagner le centre-ville, suite à la rumeur que ­l’extrême droite s’y rassemblait, ont été arrêtés.

Dans la polémique qui a suivi cette journée agitée, les responsables se renvoient à nouveau la balle et le bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur (PS), demande des explications à la police pour son intervention contre le rassemblement antifasciste à la Bourse, qu’il n’aurait pas ordonnée. Mais personne ne met en cause l’intervention des forces policières contre les habitants de Molenbeek.

Ceux qui ont été visés par les autopompes ne l’ont pas été parce qu’ils sont musulmans. Les politiciens peuvent être tolérants quand il s’agit de la religion, fût-elle musulmane, et surtout quand elle permet de détourner les esprits de vrais problèmes comme le chômage et la précarité. Mais leur tolérance s’arrête quand il s’agit des travailleurs et des pauvres, surtout quand ils se défendent.

Les jeunes de Molenbeek font partie de la classe ouvrière et, s’ils sont victimes aussi de la xénophobie, ils sont surtout touchés par le chômage et la précarité que le monde capitaliste réserve d’abord aux jeunes des classes populaires.

Ils ont toutes les raisons de se révolter. Et il faut qu’ils trouvent la solidarité des travailleurs de toutes origines, que ce soit contre les tendances intégristes ou contre l’extrême droite.

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