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- Lutte ouvrière n°2487
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Leur société
Pas de bonne réforme : retrait pur et simple !
L’ancien ministre du Travail Rebsamen a déclaré le 28 mars au journal les Échos, à propos de la loi travail, que « la balance était déséquilibrée, avec trop de souplesse pour les entreprises et pas assez de garanties pour les salariés ». Les frondeurs du Parti socialiste, de leur côté, ne cessent de déclarer dans les médias qu’ils ne voteront pas la loi « en l’état ».
Dix frondeurs, dont la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, ont publié une alternative au projet du gouvernement intitulée « l’avenir du travail » – tout un programme – qui permettrait de « construire ensemble les protections adaptées aux formes nouvelles de l’économie ». Mais que peut vouloir dire adapter ces protections « aux formes nouvelles de l’économie », sinon soumettre les travailleurs à la volonté patronale ?
On assiste donc à une mise en scène des parlementaires et représentants politiques de gauche, destinée à se démarquer d’un gouvernement et d’une loi impopulaires pour tenter de préserver leur avenir politique.
De leur côté, Mélenchon, le Front de gauche ou les dirigeants des confédérations syndicales CGT et FO se disent certes toujours partisans du retrait pur et simple de la loi travail. Mais ils parlent aussi de « proposition », ce qui accrédite l’idée, défendue par le gouvernement et le patronat, qu’il faudrait de toute façon réformer ce Code du travail. Mélenchon parle d’une autre loi plus « progressiste » qui aurait un autre « état d’esprit » que celle de la ministre El Khomri. Martinez, le secrétaire confédéral de la CGT, a aussi formulé ses propres propositions pour « construire le Code du travail du 21e siècle ». Il déclarait ainsi le 22 mars vouloir « remettre les compteurs à zéro en retirant ce projet de loi, et rediscuter sur une autre base avec un principe essentiel : un Code du travail qui respecte l’égalité des droits des salariés. » C’est laisser entendre qu’il pourrait exister une voie de compromis préservant les intérêts des ouvriers et des patrons, que de discussions avec les représentants du patronat pourraient jaillir des projets progressistes.
De telles illusions ont déjà coûté cher aux travailleurs. L’objectif pour eux doit être d’imposer le retrait pur et simple de la loi travail. Mais, au-delà, la seule protection que les travailleurs peuvent obtenir est celle que la crainte de leur force collective peut inspirer aux patrons.