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- Lutte ouvrière n°2487
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Editorial
Manifestons le 31 mars et servons-nous de notre force après !
Le projet de loi Hollande-El Khomri est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est une attaque directe contre le monde du travail, pour faire sauter même les quelques vagues limites légales à la liberté des patrons de licencier comme ils veulent et imposer les horaires et les salaires qu’ils veulent.
Ce projet n’est que la dernière en date des mesures antiouvrières prises par le gouvernement socialiste, arrivé au pouvoir il y a quatre ans grâce aux voix de l’électorat populaire. Hollande proclamait alors que son ennemi était la finance. Depuis, il gouverne dans l’intérêt de la finance et exécute servilement tout ce que lui demande le grand patronat.
Les travailleurs ont toutes les raisons d’avoir ras le bol d’un gouvernement qui s’est fait élire en promettant le changement et qui a repris à son compte la politique antiouvrière des gouvernements de droite, avec plus d’arrogance encore. Il faut que ce ras-le-bol s’exprime !
Pendant des années, les confédérations syndicales sont restées dans l’attentisme face au gouvernement et, sous prétexte qu’il était socialiste, ont laissé passer une multitude de mesures antiouvrières qui auraient mérité une réaction. Le résultat, c’est que la situation des travailleurs n’a cessé de se détériorer, les licenciements de se multiplier, les salaires de stagner et en réalité, pour beaucoup, de reculer, pendant que les grandes entreprises réalisaient des profits élevés que les actionnaires capitalistes ont empochés.
Au fil du temps, il devient évident, même pour les travailleurs qui avaient des illusions à l’égard de ce gouvernement, qu’il n’est que l’exécuteur des basses œuvres des grands groupes capitalistes.
La dégradation de la condition ouvrière ne se manifeste pas seulement par le chômage ou par la menace de licenciement qui pèse sur tout le monde, ou par le recul du pouvoir d’achat. Elle se manifeste dans tous les domaines de la vie sociale : dans la transformation en ghettos des quartiers populaires, dans la dégradation des services publics, dans le désespoir de la jeunesse.
Le ras-le-bol qui monte parmi les exploités, ceux qui ont encore du travail comme ceux qui n’en ont plus, a fini par amener une partie des confédérations syndicales à prendre des initiatives depuis la journée de manifestations du 9 mars.
La prochaine échéance est le jeudi 31 mars. Il faut se saisir de l’occasion et donner aux grèves, aux débrayages et aux manifestations une ampleur telle que personne ne puisse ignorer la profondeur du mécontentement du monde du travail.
Le seul objectif possible des manifestations, c’est le retrait pur et simple du projet de loi. Cette exigence est partagée par la grande majorité des travailleurs. Elle a été reprise à son compte par une partie de la jeunesse scolarisée qui appelle également aux manifestations du 31 mars. Et pour cause : les jeunes sont conscients que c’est de leur avenir qu’il s’agit.
La réussite de la mobilisation du 31 mars est la seule réponse à la hargne et au mépris du gouvernement à l’égard des travailleurs qui, même lorsqu’il prend les mesures les plus cyniquement antiouvrières, prétend encore qu’il le fait pour combattre le chômage !
Faire ravaler au gouvernement son arrogance en l’obligeant à retirer son projet de loi, voilà l’objectif immédiat. Au-delà du projet de loi Hollande-El Khomri, il nous faut prendre conscience que la seule façon de stopper l’offensive du grand patronat contre nos conditions d’existence est de montrer la force collective des exploités.
La classe capitaliste tourne à son avantage la crise économique, dont elle est responsable, pour mener contre les travailleurs une guerre féroce afin d’augmenter ses revenus, ses dividendes, sa richesse. Cela l’incite en permanence à s’en prendre à nos salaires, à nos emplois, à nos conditions d’existence. Dans cette guerre, les gouvernements seront toujours à son service, quelle que soit leur étiquette.
Seule notre force collective peut les arrêter. Et cette force, nous l’avons. Car c’est notre travail qui fait tourner toute l’économie. C’est notre travail qui produit les profits, les dividendes extravagants des actionnaires, les revenus confortables des patrons d’entreprise, leurs retraites chapeau, jusqu’aux rémunérations de ces ministres qui se succèdent à la télévision pour nous vendre des lois qui n’ont qu’un seul objectif : rendre les riches toujours plus riches, quitte à ruiner toute la société.
Alors, ayons confiance en notre force collective ! Ayons conscience de la nécessité de nous en servir !
Éditorial des bulletins d’entreprise du 28 mars 2016