El Khomri : une loi qui développera le chômage30/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2487.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

El Khomri : une loi qui développera le chômage

Deux jours avant la mobilisation le 31 mars du monde du travail et de la jeunesse contre la loi qu’elle présente, la ministre El Khomri était entendue par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale.

L’essentiel du projet tient dans des dispositions permettant au patronat d’imposer toujours plus sa loi aux travailleurs, d’autant plus facilement que le gouvernement liquide des pans entiers du Code du travail. Ainsi les entreprises auraient plus de souplesse pour imposer des horaires de leur choix, aboutissant à rendre légales les semaines de 46, voire 60 heures. Les licenciements seraient aussi facilités si la loi passe, sous prétexte de développer les embauches et de favoriser les emplois, comme l’écrit le ministère du Travail dans l’étude d’impact qu’il a fournie aux députés.

Le hic est que cette étude est incapable de chiffrer le nombre d’emplois censés être ainsi créés. Elle se contente de déclarer : « L’impact attendu devrait être positif sur l’emploi. » C’est un mensonge car, si les entreprises dont l’activité s’accroît peuvent légalement allonger la semaine de travail jusqu’à 60 heures, alors les travailleurs qui vivent grâce à l’intérim trouveront encore moins de missions.

La ministre déclare également aux députés qu’« en sécurisant les licenciements [pour l’employeur, bien entendu] l’embauche sous CDI sera facilitée, alors qu’aujourd’hui une très forte proportion d’embauches est réalisée sous forme de CDD. » Or, si les licenciements des travailleurs en CDI sont facilités par la nouvelle loi, le nom « CDI » sera peut-être conservé, mais son contenu sera tout aussi précaire qu’un CDD. Faciliter les licenciements n’aura pas d’autre effet que d’accélérer encore les suppressions d’emplois et de gonfler encore plus les rangs des travailleurs au chômage.

Rebsamen, le prédécesseur d’El Khomri au ministère du Travail, l’a reconnu à demi-mot en déclarant qu’en matière de création d’emplois « il ne faut pas attendre de miracle » de la loi. Et pour cause : l’emploi n’est qu’un prétexte à une politique entièrement tournée vers la satisfaction du patronat.

Hollande n’en est pas à son coup d’essai. Son gouvernement octroie déjà plus de 40 milliards d’euros par an aux entreprises, par le biais du CICE – le E signifiant emploi – et du pacte de responsabilité, qui a donné à Gattaz l’occasion d’arborer le badge le plus cher du pays siglé « 1 million d’emplois ». Il le fait au nom de l’emploi, et pourtant chaque travailleur peut constater, tant dans l’augmentation générale des chiffres du chômage qu’autour de lui, que le patronat et l’État taillent dans les effectifs.

Les politiciens au service des patrons ont menti à de nombreuses reprises, promettant de créer des emplois en arrosant les entreprises. Ils mentent encore à propos de cette loi travail qui n’en créera pas plus.

Partager