Église catholique : la loi du silence16/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2485.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Église catholique : la loi du silence

Mardi 15 mars il apparaissait que le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, avait couvert non pas un mais bien deux prêtres accusés d’actes pédophiles. Les victimes de ces actes portent plainte désormais non seulement contre leurs auteurs, mais aussi contre le cardinal.

Barbarin n’est pas n’importe quel curé, mais un haut gradé dans sa boutique. C’est à ce titre qu’il avait joué un rôle de premier plan pour organiser la propagande contre le mariage homosexuel. Il affirmait alors défendre la morale et les enfants innocents en prédisant que le mariage homosexuel conduirait à la polygamie et à l’inceste. En 2013, l’Église, sous la houlette de Barbarin et consorts, avait pris en charge la logistique des manifestations réactionnaires, faisant défiler ses scouts et ses enfants de chœur, dûment encadrés par des curés en soutane, pour tenter d’imposer sa morale à toute la société. Barbarin s’était répandu en articles, déclarations, interviews, manifestations pour « protéger les enfants ». Que ne l’a-t-il fait dans sa propre maison !

Après avoir caché les délits de ses prêtres pendant des années, après avoir laissé des pédophiles avérés en contact avec des jeunes, le moralisateur Barbarin se dit prêt à collaborer avec la Justice en toute transparence. On peut en douter. Car ce n’est évidemment pas la pédophilie que Barbarin défend, mais le droit de l’Église de régler ses problèmes elle-même, de ne pas être soumise à la loi commune, d’avoir son ordre, sa morale, ses secrets, ses chefs, son argent, son code et ses propriétés. Le cardinal Barbarin, lorsqu’il a été mis au courant des faits, n’a prévenu ni la justice, ni la police, ni la médecine et pas plus les parents, les victimes, ou les responsables qui pouvaient être confrontés aux mêmes problèmes. Non, le cardinal a fait ce que son devoir lui commandait, il en a référé au Vatican !

Il n’y a peut-être pas plus d’adultes dangereux pour les enfants dans les patronages catholiques que dans les autres organismes de ce genre, laïques ou religieux, publics ou privés. Mais il n’y a que l’Église catholique pour revendiquer le droit d’enterrer ces affaires au nom d’une morale et d’une puissance qui datent du Moyen Âge.

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