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Brésil : Dilma Rousseff et Lula concentrent le mécontentement
La police brésilienne a annoncé 3,3 millions de manifestants dans près de 400 villes, dont 1,4 million à Sao Paulo. Les organisateurs parlent de 6,6 millions. Ce qui est sûr, c’est que dimanche 13 mars il y avait beaucoup de monde dans les rues, à l’appel de l’opposition de droite, pour réclamer le départ de la présidente du Brésil Dilma Rousseff et l’arrestation de l’ex-président Lula.
Le 15 mars 2015 déjà, 2,5 millions de personnes avaient manifesté contre la corruption et réclamé la démission de la présidente, sans appel officiel des partis d’opposition. Ceux-ci semblent désormais décidés à réclamer le départ de Dilma Rousseff. Ce n’est pas seulement que le scandale de corruption autour de la compagnie pétrolière nationale, Petrobras, n’en finit pas d’atteindre ministres, dirigeants politiques et industriels. C’est surtout que la crise économique a atteint le Brésil.
Le chômage s’étend, l’inflation est de retour, ébranlant la confiance. Les années Lula, 2003-2010, avaient vu des créations d’emplois, une augmentation des revenus de la population la plus pauvre, en même temps que l’explosion des exportations de matières premières et des profits des banques et des grands groupes agroindustriels et miniers. Aujourd’hui, aussi bien la Chine que les pays riches réduisent leurs achats de soja ou de minerai de fer, mettant fin à la prospérité brésilienne.
Certes, l’opposition de droite n’a pas de recette miracle pour faire redémarrer l’économie, et c’est pourquoi d’ailleurs elle a longtemps hésité à réclamer un changement à la tête de l’État, préférant attendre les élections prévues pour octobre 2018. Mais le camp gouvernemental lui-même est en train de lâcher la présidente. Le Parti des travailleurs (PT) de Lula et Rousseff gouvernait en alliance avec le PMDB, un parti de caciques à la recherche des postes les plus lucratifs possible. Or les députés et sénateurs du PMDB votent de plus en plus avec l’opposition. Le gouvernement pourrait se retrouver minoritaire et la présidente n’aurait plus que le choix entre démissionner ou convoquer de nouvelles élections, qui apparaissent comme perdues d’avance.
Quels que soient les calculs et les plans des partis, c’est aujourd’hui la mobilisation dans la rue qui menace Dilma Rousseff, tout comme en 1992, quand elle avait fait démissionner le président corrompu Fernando Collor. La présidente dénonce un coup d’État de l’opposition contre un gouvernement régulièrement élu. Mais visiblement elle n’a pas des millions de partisans prêts à descendre dans la rue pour sa défense.
La crise politique sera sans doute exploitée en grande partie par l’opposition de droite. Mais, pas plus que le gouvernement actuel, elle n’ouvrira d’issue à la crise économique et sociale qui frappe le pays, et en premier lieu les travailleurs.