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Dans le monde
Grèce : grève générale contre la réforme des retraites
La grève du 4 février contre la réforme des retraites en Grèce a été la plus importante de ces dernières années. Les confédérations syndicales du public (GSEE) et du privé (Adedy) y appelaient, ainsi que le syndicat PAME, proche du KKE (parti communiste), et également les syndicats d’entrepreneurs de petites entreprises.
Dans de très nombreuses villes les commerces sont restés fermés, les transports paralysés, les manifestations ont rassemblé aussi bien les employés et les ouvriers des entreprises privées que le personnel des hôpitaux, de la recherche scientifique, les enseignants, les gérants de stations-service, les chauffeurs de taxis, les professions libérales de toutes sortes, avocats, médecins, etc., sans compter les retraités de toutes professions. On a compté plus de 40 000 manifestants à Athènes, 15 000 à Thessalonique, la deuxième ville du pays, et plusieurs milliers dans d’autres villes moins importantes. À Volos, les pêcheurs ont bloqué le port, et dans tout le pays les marins ont entamé une grève de 48 heures. Quant aux agriculteurs, qui font régulièrement des barrages sur les routes, ils ont participé au blocage des centres-villes.
Tous réclamaient le retrait du projet de loi qui devrait entraîner une amputation des retraites de 15 % à 30 % et une hausse des cotisations sociales. Cette réforme est exigée par les créanciers européens, qui viennent d’ailleurs de la déclarer insuffisante. Ils exigent, entre autres, une baisse plus importante de la retraite principale, avant d’accepter de verser au gouvernement grec le moindre euro supplémentaire.
Devant la contestation généralisée, le gouvernement de Tsipras fait valoir qu’il a essayé de protéger les plus petites retraites. Mais cela ne convainc pas les retraités, dont la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté, et qui souvent nourrissent leur famille au chômage. Cela ne convainc pas non plus les salariés qui devront cotiser davantage pour une retraite de plus en plus hypothétique.
Les membres des professions libérales, y compris les plus favorisés, haussent le ton, d’autant plus que la réforme de la sécurité sociale se double d’une réforme des impôts qui augmente la pression fiscale. Quant aux agriculteurs, leur sort et leur niveau de vie, bien que très variables, sont souvent peu élevés. Mais ils ont bénéficié pendant des années d’exemptions de taxe sur le gazole, de TVA réduite sur de nombreux produits, de faibles cotisations aux caisses de sécurité sociale et de subventions européennes pas toujours taxées. Tous ces avantages ont été longtemps préservés par les deux grands partis clientélistes de centre gauche et de droite, qui se succédaient au pouvoir. La réforme devrait les supprimer. D’où cette exaspération que la bourgeoisie grecque et son parti de droite, la Nouvelle démocratie, ne vont pas se priver d’exploiter.
D’après un récent sondage, 85 % des personnes interrogées seraient mécontentes du gouvernement, et 71 % de celles qui ont voté Syriza en septembre 2015. Les créanciers ont décidé coûte que coûte de faire payer la population grecque. En faisant croire qu’il pouvait atténuer leurs exigences tout en évitant de s’en prendre au grand capital, Tsipras a seulement démontré son impuissance avant de se transformer en exécuteur des volontés des créanciers de la Grèce et de devenir à son tour la cible de tous ceux que cette politique mécontente à un titre ou à un autre.