Taubira : un murmure d’opposition03/02/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/02/dessin_p3bis.jpg.420x236_q85_box-0%2C146%2C552%2C457_crop_detail.jpg

Leur société

Taubira : un murmure d’opposition

Après avoir démissionné de son poste de garde des Sceaux, Christiane Taubira sort opportunément un livre « adressé à la jeunesse », dans lequel elle défend sa position sur la déchéance de nationalité. Après quatre ans de bons et loyaux services dans le gouvernement Hollande, elle veut continuer à faire parler d’elle et a pris un soin particulier à la mise en scène de son départ.

Illustration - un murmure d’opposition

Taubira n’a pas accepté la proposition de déchéance de nationalité pour les binationaux mise en avant par Valls et Hollande, et voudrait que cette position laisse d’elle une image d’opposante de gauche. Mais, pendant quatre ans, elle a accepté toutes les attaques du gouvernement contre les classes populaires. Si elle a été à l’initiative de l’institution du mariage homosexuel, par sa présence au gouvernement elle a cautionné la destruction du Code du travail, les attaques contre les 35 heures, la généralisation du travail du dimanche, la réduction du pouvoir des Prud’hommes ainsi que la limitation des indemnités pour les salariés qui contestent leur licenciement. Elle n’a jamais protesté contre la multiplication des cadeaux au patronat et ne s’est jamais prononcée contre la politique de classe du gouvernement.

Même sur son terrain spécifique, celui de la justice, Taubira n’a pas bronché contre l’utilisation de l’état d’urgence et l’augmentation des pouvoirs de la police. Ces derniers jours, en tant que ministre de la Justice, elle a aussi été responsable de la condamnation des ouvriers de Goodyear à de la prison ferme.

Non seulement Taubira n’a pas été en opposition avec la politique du gouvernement, mais en fait son image de contestataire, de Valls plus que de Hollande, a rendu service à ce dernier. Elle lui a servi de caution de gauche, de caution féministe et antiraciste en tant que femme de couleur dans un gouvernement qui par ailleurs fait les yeux doux à l’électorat raciste et réactionnaire. Taubira, loin d’être une résistante, a en fait soutenu jusqu’au bout la politique de ­Hollande, auquel d’ailleurs elle affirme continuer à être loyale.

Les attaques ignobles de la droite et l’extrême droite dont elle a été la cible ont certainement rendu Taubira sympathique à beaucoup. Sa démission va sans doute lui permettre de mettre cette image à profit. Des frondeurs du Parti socialiste à Mélenchon, ceux qui cherchent à se démarquer du gouvernement voudraient bien, à l’approche de la présidentielle, redonner à la gauche un peu de sa virginité perdue, et pour cela Taubira peut leur être utile. Mais, dans tous ces calculs politiciens, il n’y a rien qui concerne de près ou de loin les intérêts des classes populaires.

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