Des compteurs intelligents... pour leur patron03/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2479.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des compteurs intelligents... pour leur patron

ERDF (filiale à 100 % d’EDF pour la distribution d’électricité) a commencé, depuis fin 2015, la pose générale des 35 millions de compteurs Linky dits intelligents, en remplacement des compteurs existants. Ils devraient équiper l’ensemble du pays en 2021, après une expérimentation dans deux départements.

Ces compteurs sont censés permettre aux utilisateurs de calculer leur consommation en temps réel et à ERDF d’effectuer les relevés et les interventions éventuelles sans envoyer un technicien sur place. Les Linky devraient également faciliter la gestion des contraintes dues à l’intermittence des énergies renouvelables, solaire et éolienne. Ainsi ce serait le progrès, proclame EDF, et il n’y aurait pas de raison de s’y opposer. Mais il faut y regarder de plus près.

Si on ne voit pas ce que les usagers y gagneront, on comprend vite l’intérêt d’ERDF, qui fera là une économie importante de main-d’œuvre, comme celle des prestataires occupés à relever les compteurs, et dans certains cas des techniciens qui se déplacent pour de petites interventions. Surtout Linky facilitera considérablement les coupures pour non-­paiement et permettra à EDF d’imposer un abonnement plus cher en cas de dépassement de la puissance souscrite. Les autres fournisseurs d’électricité concurrents d’EDF espèrent aussi trouver leur compte avec Linky, en ciblant mieux les usagers.

Ce changement de 35 millions de compteurs ne devrait, en principe, rien coûter aux clients. C’est invérifiable. Comme EDF a tendance à augmenter ses tarifs, bien malin qui pourra dire ce qui revient à Linky sur les factures ou aux autres dépenses d’EDF.

Le marché des Linky est estimé à environ 5 milliards d’euros. C’est un pactole pour les six entreprises sélectionnées pour fabriquer ces appareils. L’une d’entre elles, Itron, située près de Poitiers, comptait licencier 124 salariés début janvier 2015 , soit la moitié de son personnel, et délocaliser une partie de sa production (mais pas les compteurs, paraît-il) en Hongrie. Beau début pour l’emploi !

La pose des compteurs a fait l’objet d’une campagne annonçant la création de 10 000 emplois parmi les seize entreprises chargées de l’installation. Mais par exemple à Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne, premier secteur francilien à voir arriver Linky, trente jeunes de 16 à 25 ans devaient être recrutés avec des contrats de sept mois sous forme de service civique.

Et voilà comment la fée électricité fait disparaître le salaire !

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