Autoroutes : racket au péage03/02/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/02/2479.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Autoroutes : racket au péage

Les sociétés d’autoroutes ont augmenté leurs tarifs de 1,12 % en moyenne au 1er février. Mais ce n’est qu’une moyenne. Pour les automobilistes empruntant certains tronçons, cela peut être beaucoup plus : 4 % supplémentaires par exemple pour traverser le viaduc de Millau dont le concessionnaire est Eiffage, ou 1,63 % sur le réseau des Autoroutes du sud de la France (ASF) appartenant à Vinci. Cela alors que le taux officiel de l’inflation qui était censé fixer l’augmentation est très faible : 0,2 %.

Pour justifier ces hausses, les sociétés brandissent le coût des travaux qu’elles vont effectuer. Mais il ne s’agit là que d’un tour de passe-passe, car les chantiers sont la plupart du temps concédés aux groupes de travaux publics qui possèdent ces sociétés ou à leurs filiales, et l’autorité créée pour contrôler les appels d’offres avoue elle-même n’avoir pas les moyens de le faire. Elles mettent aussi en avant le fait que l’État a augmenté la redevance qu’elles doivent lui payer pour l’occupation du domaine public et qu’elles ont légalement le droit de répercuter cette hausse sur l’automobiliste. Bref, au bout du compte, c’est toujours l’usager qui débourse.

Les autoroutes constituent pour les grands groupes de travaux publics qui les possèdent une poule aux œufs d’or. L’Autorité de la concurrence avait estimé en septembre 2014 que, sur 100 euros payés par l’automobiliste, entre 20 et 24 euros constituaient du bénéfice net pour les concessionnaires d’autoroutes. Les surprofits de ces sociétés se chiffrent à plusieurs centaines de millions par an.

L’an dernier, ce racket ayant été rendu public, le gouvernement avait obligé les sociétés à geler leurs tarifs pour 2015, tout en leur permettant de rattraper le manque à gagner sur les années suivantes. Elles avaient aussi obtenu l’allongement de la durée de leurs concessions, ce qui constitue une importante source de profits supplémentaires, les principaux investissements se faisant en début d’exploitation et la rentabilité du tronçon augmentant au fil des ans.

C’est déjà un scandale de devoir passer au péage pour circuler, quand bien souvent on n’a pas d’autre choix que de prendre l’autoroute. Mais les sociétés concessionnaires et l’État, complices pour augmenter les tarifs, en rajoutent encore en faisant payer toujours plus cher les usagers.

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