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Dans le monde
L’Europe et les migrants : les frontières se ferment de plus en plus
Selon l’Organisation internationale pour les migrants (OIM), plus d’un million de migrants et de réfugiés ont franchi les frontières de l’Europe en 2015. C’est le déplacement de populations le plus important depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La moitié sont des Syriens, 20 % des Afghans et 7 % des Irakiens qui, tous, ont fui leur pays en guerre. Mais, alors que c’est la politique au Moyen-Orient des grandes puissances, y compris européennes, qui a mené au chaos actuel, l’Europe ferme de plus en plus ses frontières aux victimes des conflits, y compris les pays qui jusque-là étaient les plus accueillants, tels l’Allemagne et la Suède.
Dès le début novembre, l’Allemagne avait restreint le droit d’asile pour les réfugiés syriens. Ils ne bénéficiaient plus que d’une protection « subsidiaire », limitant à un an au lieu de trois le premier droit au séjour et empêchant tout regroupement familial. Afin de décourager les migrants qui affluaient, le pays avait remplacé les prestations en espèces par des prestations en nature, et les procédures d’expulsion pour les déboutés du droit d’asile ont été accélérées.
En Suède, le Premier ministre (social-démocrate) a estimé que la situation était « intenable »... non pour les migrants, mais pour les Suédois. Les contrôles aux frontières ont été renforcés, les permis de séjour temporaires sont devenus la règle et les regroupements familiaux ont été rendus plus difficiles. Alors que 25 attentats contre des centres d’accueil ont été recensés en 2015 dans le pays, le Premier ministre est visiblement plus à l’écoute de ceux qui veulent freiner l’entrée des migrants que de ces derniers.
Au Danemark, le gouvernement de droite ne les a jamais accueillis favorablement, et il est d’autant plus sensible à la pression de l’extrême droite, représentée par le Parti du peuple danois, qu’il a besoin de son soutien pour avoir une majorité lui permettant de gouverner. Ce gouvernement est en train de franchir un échelon dans l’odieux, en projetant de faire main basse sur les quelques biens que les demandeurs d’asile auraient pu emporter avec eux. Un projet de loi qui sera présenté courant janvier prévoit en effet de confisquer leurs bijoux (sauf les alliances cependant), ainsi que les sommes d’argent supérieures à 3 000 couronnes, soit l’équivalent de 400 euros – ce qui est peu lorsqu’on doit faire vivre une famille. Le prétexte avancé est que ceux qui ont réussi à fuir leur pays en guerre ne sont pas les plus pauvres, puisqu’ils ont réussi à payer des passeurs et que, par conséquent, il serait normal qu’ils financent l’aide sociale ! Les policiers seraient ainsi autorisés à fouiller les migrants et à évaluer la valeur des objets saisis.
Pendant que les États d’Europe dressent des frontières réelles ou légales pour rejeter les demandeurs d’asile, ceux-ci continuent de fuir la guerre ou la misère au même rythme, risquant leur vie dans l’espoir de tout simplement vivre ou faire vivre leur famille. Mais les dirigeants des pays riches, en dignes représentants de leurs banquiers et capitalistes, préfèrent dépenser des milliards en armement pour faire la guerre, au Moyen-Orient ou en Afrique, plutôt que de venir en aide à des peuples qu’ils ont plongés dans la détresse.