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Leur société
Corse : élection territoriale et poudre aux yeux
À l’issue du second tour des élections territoriales de Corse, les élus nationalistes se retrouvent, pour deux ans, à la tête de l’assemblée de Corse et du Conseil exécutif de la collectivité territoriale.
Gilles Simeoni, autonomiste, maire de Bastia depuis 2014, est arrivé troisième au premier tour, avec 17,62 %. Associé à l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni au second tour, Simeoni a emporté le scrutin.
Désormais président du Conseil exécutif de Corse, il prône l’autonomie de l’île. Son allié Jean-Guy Talamoni, partisan déclaré de l’indépendance, est élu de l’assemblée corse depuis 1992 et en a présidé la commission européenne jusqu’en 2004.
Ces nouveaux élus réclament l’amnistie des prisonniers politiques et des recherchés. Ils affirment aussi leur volonté de régler « des problèmes pendants depuis des décennies : transports, déchets, désertification de l’intérieur, sous-développement économique et social » et appellent l’État à « s’impliquer dans la définition et la mise en œuvre d’une solution politique globale ». Et, puisque, selon eux, « le peuple corse existe […] et va construire et assumer son destin dans la paix et la démocratie ». Ils rendront, disent-ils, la langue corse officielle au même titre que la langue française, et prendront des mesures concernant un statut fiscal, une politique foncière et l’instauration d’un statut de résident, ce qui revient à créer des habitants de seconde zone. Ils envisagent de modifier le plan d’aménagement et de développement durable de la Corse.
Il n’y a en tout cas aucune chance que tout cela vienne à bout du chômage et de la pauvreté, ainsi que de l’insuffisance de moyens attribués aux services publics. Ce ne sont ni les retraités aux pensions misérables, ni les employés des multiples zones commerciales, tout aussi maltraités que leurs collègues du continent, si ce n’est plus, ni les employés des différentes administrations, ni les nombreux travailleurs du bâtiment et encore moins ceux de l’agriculture qui verront leur sort changer.
Les seuls qui bénéficieront de ce changement à la tête des institutions, ce sont les patrons qui obtiendront les commandes du simple fait qu’ils sont installés dans l’île. De la même façon, la précédente assemblée, présidée par Paul Giacobbi, avait octroyé la SNCM (la compagnie de navigation qui assure les liaisons avec le continent) à son soutien électoral, le groupe Rocca, au passé judiciaire chargé. Ce groupe prévoit plus de 500 licenciements.
La préférence d’embauche pour les résidents ne créera pas des emplois, pas plus que les aides à la sauvegarde des entreprises, qui ressemblent beaucoup aux aides accordées sur le continent aux patrons, sans que cela les gêne pour licencier.
Les électeurs qui ont voté pour Simeoni et Talamoni ont peut-être voulu échapper au carcan des clans Giacobbi et Rossi, qui se partagent le pouvoir en Corse depuis des décennies. Mais, quant à l’espoir que plus d’autonomie vienne à bout du chômage et de la pauvreté dont souffrent une bonne partie des habitants de l’île, ce ne sont pas les nouveaux élus qui vont le concrétiser.