Syrie : quelle solution politique dans un pays détruit ?22/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2473.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : quelle solution politique dans un pays détruit ?

Plus de quatre ans et demi après le début du conflit meurtrier en Syrie, les ministres des Affaires étrangères lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le 18 décembre, ont voté, à l’unanimité, une résolution prévoyant l’instauration d’un cessez-le-feu d’ici à un mois, et demandant à toutes les parties prenantes au conflit de « cesser immédiatement les attaques contre les civils ».

Ce texte « envoie un message clair à tous pour dire qu’il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie », a affirmé le secrétaire d’État américain John Kerry. On ne peut pas être plus cynique.

Après avoir attisé la guerre civile en Syrie et en Irak, les États-Unis voudraient désormais trouver une solution au chaos syrien. Il faut rappeler que, en 2011, lorsque la contestation sociale et politique du régime de Bachar al-Assad déboucha finalement sur une guerre civile, les puissances impérialistes n’étaient pas mécontentes de voir le régime d’Assad affaibli. Elles laissèrent leurs alliés régionaux, comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie, financer et armer des milices djihadistes, comme Daech ou le Front al-Nosra, branche d’al-Qaida en Syrie, afin de déstabiliser et renverser Assad.

L’affrontement de ces différentes bandes armées, dont celles du régime ­d’Assad, a déstabilisé toute la région. Cette situation s’est encore compliquée du fait de la compétition entre les puissances régionales, en particulier l’Arabie saoudite et le Qatar d’un côté, et l’Iran de l’autre.

Comment stabiliser cette région dans leur intérêt ? Sur quels relais locaux s’appuyer ? Voilà le problème des puissances impérialistes.

Les États-Unis ne souhaitent pas intervenir directement, craignant de se retrouver dans un bourbier identique à celui qui a suivi leur intervention militaire en Irak de 2003. La Russie et la France n’ont de toute façon pas les moyens de le faire, si tant est qu’elles en aient vraiment l’intention. Les seules forces militaires en présence capables de faire face à Daech sont celles du régime d’Assad, soutenues par l’Iran, auxquelles s’ajoutent les milices kurdes à l’Est. L’opposition syrienne, elle, est éclatée en un grand nombre de groupes, qui sont autant de bandes armées.

Devant le chaos qu’ils ont eux-mêmes contribué à provoquer en aidant tout ce qui pouvait déstabiliser le régime d’Assad, les dirigeants occidentaux sont maintenant convaincus que le mieux serait d’assurer la continuité de ce régime.

Cela revient à constater que les quatre ans de guerre civile, les 300 000 morts, les destructions et les souffrances sans nombre n’auront servi à rien. Les dirigeants occidentaux voudraient maintenant pouvoir s’appuyer sur ce régime qu’ils ont cherché à détruire, afin de ne pas voir arriver à Damas un pouvoir islamiste complètement incontrôlable. Le mieux pour eux serait d’ailleurs qu’Assad lui-même, décidément trop voyant, accepte de s’effacer tandis que le régime resterait en place.

Comment le lui faire accepter ? Pour cela, les dirigeants occidentaux s’en remettent à la Russie. Mais faire accepter une telle « solution » aux divers groupes djihadistes et aux puissances régionales, comme la Turquie et l’Arabie Saoudite, est une autre paire de manches.

Voilà pourquoi cette résolution qui établit une « feuille de route » pour l’engagement dès le début de 2016 de « négociations officielles sur un processus de transition politique » afin d’aboutir à la création d’un gouvernement de transition dans les six mois, et à des élections dans les dix-huit mois, risque fort d’être un coup d’épée dans l’eau de plus.

Restent les discours pour la galerie sur la nécessité pour « le peuple syrien de décider seul de son avenir ». Mais le sort de la population syrienne est le cadet des soucis des Hollande, Obama, Poutine, Assad et de tous les autres.

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