La veille, à 300, dès le matin, ils avaient investi la rocade portuaire et après avoir été refoulés par la police, ils avaient recommencé en fin d’après-midi.

Les assauts collectifs pour tenter le passage vers l’Angleterre ont commencé voilà plus d’un an et se font de plus en plus fréquents et massifs. Les réfugiés s’organisent en petits groupes, les uns bloquent le trafic routier ou font diversion, tandis que d’autres découpent les grillages.

Les barrières sont toujours plus hautes, les caméras de surveillance plus omniprésentes, les policiers toujours plus nombreux, mais cela ne change rien à la détermination des réfugiés qui veulent gagner la Grande-Bretagne. Malgré tout, certains réussissent à passer, comme en témoignent les messages reçus d’Outre-Manche sur les téléphones portables.

Les habitants de Calais qui sont riverains de la « jungle », le bidonville des migrants situé aux abords de la ville, sont exaspérés par les explosions fréquentes de grenades lacrymogènes lors des échauffourées qui opposent régulièrement migrants et police, par les passages nocturnes sur leur jardin ou leur toit de réfugiés qui tentent de gagner le port ou le tunnel.

Les routiers sont exaspérés de voir les bâches de leur camion tailladées, les marchandises abîmées et de devoir fouiller leur cargaison pour vérifier qu’un réfugié ne s’y cache pas, faute de quoi ils ont à payer en Angleterre une amende de 2 000 euros par réfugié découvert. Les conducteurs de navette d’Eurotunnel ont exprimé leur désarroi en affirmant que leur travail consiste à conduire des trains, pas à écraser des êtres humains.

La situation s’envenime. Mais les premières victimes sont les réfugiés eux-mêmes qui survivent dans des conditions indignes et que le désespoir pousse à prendre tous les risques. Nombreux sont les blessés, estropiés lors de chutes de camions, ou victimes des matraquages policiers. Les morts aussi se multiplient, par noyade, électrocution, chute… Cette année 23 décès ont été enregistrés à cette frontière. Le 4 décembre dernier, c’était un jeune Soudanais de 17 ans qui mourait écrasé sur l’autoroute.

Les responsables de cette situation intolérable et de ces drames sont les États français et anglais qui veulent rendre la frontière toujours plus étanche. La seule issue est au contraire de l’ouvrir et de reconnaître la liberté de circulation et d’installation à tous.