- Accueil
- Lutte ouvrière n°2473
- Aéroport de Roissy : l’état d’urgence a bon dos
Dans les entreprises
Aéroport de Roissy : l’état d’urgence a bon dos
À l’aéroport de Roissy, où travaillent des dizaines de milliers de salariés, les directions ont profité de l’état d’urgence pour alourdir le climat.
C’est à Servair, entreprise qui prépare des plateaux repas, que cela a été le plus spectaculaire, avec l’ouverture à grand fracas par 70 gendarmes, en dehors de la présence des salariés, de 2 000 casiers du personnel en une journée. Les gendarmes n’ont rien eu à se mettre sous la dent en lien avec le terrorisme, mais la direction de Servair, elle, en a profité pour envoyer des demandes de sanction à plus de 30 salariés, à cause d’objets divers qui, d’après elle, n’auraient pas dû se trouver dans ces casiers. Et les perquisitions ont continué ailleurs, par sondage et en général cette fois en présence de salariés. Au total, plus de 4 000 casiers ont été ouverts dans différentes entreprises de Roissy.
Si, devant la presse, la direction d’ADP parle de vigilance accentuée, elle n’a pas demandé aux patrons des entreprises de sûreté de mettre plus de personnel aux postes d’inspection et de filtrage, alors que le flux de voyageurs ne ralentit guère.
Dans l’aérogare, en galerie bagages ou sur les pistes, la majorité des salariés circule avec un badge rouge. Les enquêtes pour l’obtenir sont draconiennes. Avec l’état d’urgence, le préfet a dit qu’il allait refaire une enquête sur la quasi-totalité des badges. Il a annoncé que plus de 70 de ces badges rouges avaient été retirés en un mois, « notamment pour radicalisation », comme l’a expliqué le PDG d’ADP, Romanet. Que veut dire ce « notamment », et quelle autre raison y a-t-il alors ? Lorsqu’on retire son badge à un salarié d’une entreprise dont l’activité se déroule à la fois en zone publique et en zone réservée, l’employeur a l’obligation de le reclasser. Cependant, aucune entreprise ne le fait, malgré des jugements qui ont été jusqu’à la Cour de Cassation. Maintenant, Romanet voudrait « améliorer » le système et faire en sorte que le salarié soit licencié automatiquement !
En fait, la première consigne de l’état d’urgence a été de ne plus autoriser le personnel à passer avec sa nourriture, pour ceux qui mangent à la gamelle en zone réservée, pas même l’eau. Mais bien sûr, les cantines d’ADP ou d’Air France n’ont pas pour autant été ouvertes au personnel des entreprises sous-traitantes.
On le voit, l’état d’urgence a bon dos. Le préfet ou les patrons de Roissy font l’amalgame entre musulmans, intégristes, terroristes ou traitent les manifestants d’Air France de voyous. Mais les salariés ne sont pas dupes.