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Dans les entreprises
Michelin – Bourges : conditions de travail et accidents, de pire en pire
L’usine Michelin de Saint-Doulchard, près de Bourges, fabrique des pneus avions, des plus petits qui pèsent quelques kilos aux plus gros de plus de 120 kilos qui doivent souvent être manipulés à la main.
Tous les trois ou quatre ans, Michelin se fixe comme objectif d’augmenter la productivité de 30 % dans toutes ses usines. Ainsi, par exemple, sur une machine de contrôle où il y a deux ans la direction demandait la vérification de 136 pneus en huit heures, aujourd’hui elle en demande 188 sans que rien n’ait été modifié sur la machine.
En fabrication, il n’est pas rare de revenir le lundi en ayant deux pneus supplémentaires à produire dans les mêmes conditions que la semaine précédente.
C’est donc par l’intensification du travail et l’augmentation de la pénibilité, sur des machines vétustes qui ont plus de quarante ans, avec des moyens de manutention souvent inadaptés ou inexistants, que Michelin compte réaliser ses gains de productivité.
Pour atteindre ses objectifs, depuis deux ans, la direction a agité une petite carotte sous le nez des travailleurs avec des primes de performances individuelles et collectives (PPI et PPC). Mais plus on croit se rapprocher de la carotte plus elle s’éloigne.
Comme cela ne suffit pas, il y a aussi la pression de la hiérarchie. Tous les jours les travailleurs doivent justifier les arrêts de production, les pannes, ainsi que préciser pourquoi l’objectif (« la cible ») n’a pas été atteint. En cas de récidive cela peut même se traduire par une convocation chez le chef du personnel.
Dans ce contexte, le nombre des accidents du travail et les maladies professionnelles (tendinites, déchirures musculaires, lombalgies) a explosé. Dans les années 2010, on comptait autour de trois accidents avec arrêt par an. En 2014, ils sont passés à huit et en 2015 il y en a déjà vingt auxquels il faut ajouter tous les accidents sans arrêt qui eux aussi sont en très forte augmentation.
La direction se retranche derrière des arguments comme « le manque de chance » et demande aux travailleurs d’être « vigilants », ou encore sous-entend que les travailleurs ne respectent pas les modes opératoires !
Mais pour tous les ouvriers, c’est une évidence : l’aggravation de l’exploitation et la volonté de Michelin de toujours faire plus de profits sont responsables de cette dégradation.
Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à dire à leur hiérarchie : « Stop ça suffit ! »