Air France : moins d’emplois pour plus de profits09/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2471.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : moins d’emplois pour plus de profits

Mercredi 2 décembre, le tribunal de Bobigny a repoussé au 27 mai le procès des 18 salariés qu’Air France a pris en otages dans l’affaire des chemises déchirées et qu’elle a déjà sanctionnés, y compris par le licenciement pour cinq d’entre eux.

Le lendemain, lors d’un comité central d’entreprise (CCE), la direction de la compagnie confirmait et précisait ce qu’elle avait annoncé au CCE du 5 octobre, et qui avait alors provoqué une explosion de colère parmi les travailleurs présents et la perte de leur chemise par deux de ses hauts cadres : la suppression de près de 3 000 nouveaux emplois.

Semblent particulièrement visés le personnel des escales en province, avec 1 817 postes menacés, et les navigants commerciaux et techniques : il est question de départs « volontaires », mais aussi contraints, donc de licenciements, pour réduire les effectifs de 890 hôtesses ou stewards et de 280 pilotes d’ici l’été 2017.

Profitant du fait que l’actualité électorale du week-end allait forcément reléguer la nouvelle au second plan, la direction a ajouté à ce lot de 2 980 suppressions d’emplois, l’annonce qu’un autre lot de 2 000 emplois allait disparaître dans le même temps de façon qu’elle dit naturelle : démissions, non-remplacements de départs en retraite, etc.

Au total, ce sont 7 % de ses effectifs, 4 889 postes, qu’Air France a décidé de sacrifier entre 2014 et 2017 avec son plan Transform 2015.

Coïncidence du calendrier, la Direction générale de l’aviation civile vient de publier ses dernières statistiques sur l’évolution du transport aérien français. Portant sur la période janvier-septembre, ses données font apparaître une hausse du trafic de 4 % en moyenne, mais avec des pics de 13 % sur la Chine et même de 20 % sur l’Inde, ces deux pays, et l’Asie en général, représentant à l’heure actuelle le secteur le plus rentable commercialement pour les compagnies aériennes.

Selon la presse économique, 2015 s’annonce donc comme une des meilleures années de la décennie pour Air France. Ou plutôt, faudrait-il dire, pour les dirigeants et actionnaires du groupe Air France-KLM, avec ses filiales Hop ! et Transavia, mais pas pour les salariés du groupe. Car, si Air France « a repris des couleurs » selon les commentateurs, ce n’est pas dû à la seule croissance soutenue du trafic aérien. Cela tient autant, sinon plus, aux plans de suppressions de milliers d’emplois à répétition, avec toujours plus de travail à effectuer à toujours moins nombreux pour ceux dont le poste n’est pas, ou pas encore, situé sur un siège éjectable.

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