Burkina Faso : un président pas si nouveau02/12/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/12/2470.jpg.445x577_q85_box-0%2C62%2C822%2C1128_crop_detail.jpg

Dans le monde

Burkina Faso : un président pas si nouveau

Les élections présidentielles qui ont eu lieu au Burkina Faso le 29 novembre ont donné dès le premier tour la victoire à Roch Marc Christian Kaboré. Il fut longtemps le dauphin pressenti de Blaise Compaoré, le dictateur renversé par la rue il y a un an, avant de prendre ses distances avec lui. Tous ceux qui s’étaient mobilisés pour renverser Compaoré n’ont donc rien à attendre de cette élection.

Kaboré comptait déjà parmi les hommes de confiance de Compaoré lorsque celui-ci s’empara du pouvoir en 1987, assassinant le leader nationaliste radical Thomas Sankara. Il aida le dictateur à liquider l’héritage de Sankara et occupa de nombreux postes ministériels jusqu’en 1994, où il devint premier ministre. Il dirigea alors le gouvernement qui força la population à subir la hausse vertigineuse des prix résultant de la dévaluation du franc CFA imposée par la France à ses anciennes colonies. Kaboré fut complice de tous les crimes du régime, comme l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998. Il ne rompit avec Compaoré que dix mois avant sa chute, lorsque celui-ci l’écarta et annonça son intention de briguer un troisième mandat. Il put dès lors faire figure d’opposant, semblable en cela à son principal concurrent, Zéphirin Diabré, qui avait été ministre des Finances en 1994 avant de devenir fonctionnaire de l’ONU puis directeur de la division Afrique-Moyen-Orient du trust français Areva.

En novembre 2014 la jeunesse burkinabée, les travailleurs, la population pauvre étaient descendus dans la rue pour chasser Compaoré et en finir avec un régime d’oppression. Kaboré et Diabré se seraient bien contentés d’un départ discret de Compaoré si celui-ci avait accepté de renoncer à un nouveau mandat, comme le lui demandaient ses parrains français et américains. Un an plus tard, ce sont ces chevaux de retour qui tiennent à nouveau le devant de la scène.

Les puissances impérialiste qui pillent l’Afrique, en premier lieu la France, ne sont jamais à court de politiciens ou de militaires pour diriger des pays comme le Burkina au mieux de leurs intérêts. Quand l’un d’entre eux, trop usé, finit par tomber, elles organisent le passage de relais à un autre, si possible auréolé de la légitimité que donne une élection. C’est ce que des dirigeants comme Hollande appellent une transition, qui est en fait le temps nécessaire pour que les espoirs de la population s’estompent et que se développent de nouvelles illusions. Mais les travailleurs burkinabés ont largement montré qu’ils n’étaient pas prêts à se laisser piétiner sans rien dire et, comme il y a un an, ils peuvent le faire savoir à ces nouveaux dirigeants.

Partager