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Leur société
Vapeurs patriotiques : ceux qui tricolorent
Il ne suffit pas à Hollande et consorts d’utiliser l’émotion soulevée par les massacres du 13 novembre pour prêcher l’union nationale. Il leur faut aussi trouver un semblant d’explication à ces attentats. Aussi fous que soient les terroristes, il doit bien y avoir une raison pour qu’ils aient choisi Paris, le stade de France, les terrasses de cafés et le Bataclan.
Là encore, Hollande a donné le ton, ministres, politiciens et journalistes ont suivi : les terroristes auraient attaqué par haine de la France des images d’Épinal, celle des bals populaires, des robes légères, des bistrots et des droits de l’homme. Aussi l’État et les médias, prenant le contrepied des intentions supposées des tueurs, repassent tout au tricolore, entonnent l’hymne national à chaque rassemblement de plus de deux personnes et portent au pinacle à tout bout de champ le mode de vie français, subtil mélange de Beaujolais nouveau et de vieille démocratie. Et de citer avec émotion les villes de par le monde qui ont affiché le tricolore, les footballeurs qui ont fredonné la Marseillaise, les déclarations d’alliés plus ou moins intéressés chantant les louanges de la France éternelle.
Il est certain que les assassins et leurs commanditaires font régner la terreur dans les territoires qu’ils contrôlent et haïssent tout ce qui ressemble à la liberté, à la joie de vivre, à la culture. Mais n’importe qui sachant regarder au-delà de son nombril de bourgeois parisien peut savoir qu’au Moyen-Orient l’art de vivre français consiste depuis longtemps en soutien à toutes les dictatures, ventes d’armes, découpages de pays, répression des populations, coups tordus, bénéfices pétroliers et bancaires, et a apporté sa contribution au chaos dans lequel est plongée cette région.
C’est leur responsabilité dans ce chaos, dont les attentats de Paris sont une retombée, que les dirigeants politiques français, servis par les médias, veulent masquer à grand renfort de ridicules vapeurs patriotiques.