PCF : un vote pour « l’ordre »… mais lequel ?25/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2469.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

PCF : un vote pour « l’ordre »… mais lequel ?

Les députés du Front de gauche, et parmi eux ceux du PCF, ont voté la prolongation de l’état d’urgence, joignant ainsi leurs voix à la quasi-totalité des députés, PS, sarkozystes et FN confondus. Au Sénat, le vote a été plus partagé puisque, sur 19 élus PCF, 8 ont voté pour tandis que 11 s’abstenaient.

Certains, au niveau départemental, ont été plus loin dans cette logique martiale. Ainsi, dans une déclaration du PCF du Val-de-Marne, on peut lire que « notre pays a besoin d’un État fort », que « dans le cadre de l’État de droit – qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire au moment où Hollande est en train de changer la Constitution, donc ce droit ? – nous apporterons notre soutien à toutes les mesures que le gouvernement mettra en place pour vaincre les criminels qui sont à l’origine de ce cauchemar ». Et la déclaration poursuit : « Comment vaincre sans une armée et une police fortes ? »

Mais de quelle police parle-t-on ? De celle qui est censée protéger la population, ou de celle qui matraque les manifestants et les grévistes et qui interpelle les travailleurs d’Air France, chez eux, à l’aube ? En fait de police, ou d’armée, il n’y a qu’un seul et même corps, dont la principale fonction est de maintenir l’ordre économique et social. Nombre de militants en ont fait la triste expérience.

Ce quitus donné par la direction du PCF au gouvernement socialiste pour qu’il mette en place une politique plus sécuritaire, pour ne pas dire plus autoritaire, n’est pas une surprise. Elle s’inscrit dans une constante démarche des dirigeants du PCF de soutien au gouvernement socialiste... tout en émettant des réserves purement verbales et sans effet.

Ce soutien à l’état d’urgence a choqué un certain nombre de militants et d’électeurs communistes, et c’est heureux. C’est sans doute pour cela que Pierre Laurent, invité sur France info le 24 novembre, s’est senti obligé d’expliquer qu’il ne souhaitait pas que l’état d’urgence se transforme en une sorte d’état d’exception durable. Après qu’ils ont fourni au gouvernement les instruments pour bâillonner ceux qui veulent contester sa politique antiouvrière, le dirigeant du PCF l’implore de ne pas serrer trop fort ce bâillon, ni trop longtemps. Il oublie d’ailleurs de rappeler qu’une telle mesure est un précédent, qui pourrait tout à fait servir à d’éventuels successeurs de ce gouvernement. Ce ne peut être de la naïveté, de la part d’un routier de la politique comme Pierre Laurent, mais plutôt une roublardise qui lui permettra de prétendre qu’il avait prévenu.

Un tel geste, pour choquant qu’il soit, est un révélateur qui met en évidence le fait qu’il existe deux camps. Il y a d’un côté celui des travailleurs et de ceux qui défendent leurs intérêts économiques et politiques, et de l’autre celui où se retrouvent pêle-mêle ses adversaires tous défenseurs des intérêts et de l’ordre bourgeois. À ne pas choisir le premier, on se retrouve dans l’autre.

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