Mali : l’intervention française n’a pas mis fin à l’insécurité25/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2469.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : l’intervention française n’a pas mis fin à l’insécurité

Vendredi 20 novembre, Bamako, la capitale du Mali, a connu une nouvelle fois l’attaque meurtrière d’un groupe terroriste. Un commando a fait irruption dans l’hôtel Radisson Blu et a tué 20 personnes, avant d’être neutralisé par l’armée malienne et les forces spéciales françaises et américaines. Cette agression sauvage, à la manière des groupes djihadistes, montre que, malgré la présence massive des troupes françaises et de celles de l’ONU depuis bientôt trois ans, le Mali vit toujours sous leur menace.

Le Radisson Blu est un hôtel de luxe, proche des ministères et des administrations. Il accueille des diplomates, des équipages de compagnies aériennes, des hommes d’affaires de passage ou des employés de sociétés étrangères, européens et américains mais aussi chinois, indiens, russes. Ils constituent la majorité des victimes. C’est aussi un lieu où se tiennent de nombreuses réunions officielles. La réunion de suivi des accords d’Alger, entre le gouvernement malien et les groupes touareg indépendantistes du Nord, devait s’y dérouler dans la journée.

L’attaque a été revendiquée par deux groupes djihadistes liés à al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dont le groupe al-Mourabitoune, avec le chef Mokhtar Belmokhtar, avait dirigé la prise d’otages sur le site pétrolier d’In Aménas en Algérie en 2013. L’autre est le Front de libération du Macina, une organisation nouvellement créée dont l’objectif déclaré est d’étendre au sud du pays les actions menées dans le nord par les autres groupes.

François Hollande se vante régulièrement d’avoir rétabli la paix au Mali grâce à l’intervention de l’armée française en janvier 2013. Les groupes djihadistes qui faisaient régner une terreur moyenâgeuse sur les populations de Gao, de Tombouctou et du nord du pays ont certes été chassés, au grand soulagement des habitants, mais la guerre a pris une autre forme. Les attentats se sont multipliés et touchent maintenant l’ensemble du pays, à commencer par la capitale Bamako. En mars dernier, le bar-restaurant La Terrasse avait été mitraillé lors d’un attentat qui avait fait cinq victimes, deux Européens et trois Maliens. En août, la prise d’otages de l’hôtel Byblos à Sévaré, dans le centre du pays, s’était soldée par plus d’une dizaine de morts. Les victimes d’embuscades ou d’explosions de mines se multiplient parmi les troupes présentes sur place, mais aussi parmi la population.

L’intervention militaire française de janvier 2013 visait à repousser les groupes djihadistes, non par souci pour les populations locales mais pour perpétuer la domination de l’impérialisme français sur le Mali. Dans la foulée, un gouvernement aussi corrompu que les précédents avait été mis en place, sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta. Paris a piloté un accord conclu avec les groupes indépendantistes touareg du Nord, qui a abouti à donner des avantages à certains de leurs chefs, mais qui fait des jaloux parmi d’autres. Ceux qui n’ont reçu que des miettes sont ainsi poussés à reprendre les armes ou à rejoindre les groupes djihadistes qui commettent aujourd’hui les attentats. La misère, résultat du pillage du pays par l’impérialisme français, est toujours la même, que ce soit dans le nord ou dans le sud du pays.

C’est un terreau toujours aussi fertile pour le développement des groupes terroristes. L’insécurité continue de régner dans tout le pays, et ce ne sont pas les interventions militaires qui y mettront fin.

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