Contrairement au cliché selon lequel en Allemagne tout se réglerait par la concertation, à l’opposé de la France où l’on va jusqu’à arracher la chemise d’un DRH, la Lufthansa est sans doute la compagnie aérienne qui a connu ces derniers mois le plus grand nombre de grèves : au total une bonne quinzaine, certaines ayant été annulées sur injonction des tribunaux.

Comme pour Air France et d’autres compagnies, c’est un plan de restructuration du groupe qui a mis le feu aux poudres. Sous prétexte de faire face aux compagnies du Golfe et aux low-cost, Lufthansa veut réduire ses coûts, supprimer des milliers de postes, promouvoir ses propres filiales low-cost Eurowings et Germanwings et repousser l’âge de la retraite des pilotes. « Il n’est pas possible de voler low-cost et de payer des salaires élevés », a déclaré son patron. Le récent mouvement des hôtesses et stewards a entraîné, selon la compagnie, l’annulation de 4 674 vols. Mais les grèves des 5 400 pilotes, précédemment, auraient fait annuler 12 800 vols sur dix-huit mois.

« Si rien ne change, et vite, de nouvelles grèves sont possibles à tout moment », a déclaré le président du syndicat des hôtesses et stewards, à la suite de la dernière grève

D’Air France à Lufthansa, et d’autres, patronat et gouvernement mènent la même politique consistant à faire payer le maintien des profits des compagnies par les travailleurs. Ceux-ci ont, eux aussi, tout intérêt à coordonner et unir leurs luttes.