Loi Évin : les lobbies du vin ont le bras long… et l’oreille de Macron25/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2469.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi Évin : les lobbies du vin ont le bras long… et l’oreille de Macron

« Le vin fait partie de notre patrimoine, soyons-en fiers et faisons-le savoir », a déclaré Macron en soutenant le projet d’amendement à la loi de santé qui assouplit la loi Évin. Les députés l’ont suivi par leur vote mardi 24 novembre, en autorisant la publicité sur l’alcool.

Le ministre du Budget avait déjà tenté d’introduire cet assouplissement dans son projet de loi prétendument destiné à relancer l’économie présenté en début d’année, mais la ficelle était trop grosse pour être acceptée même par le Conseil constitutionnel. Les lobbies viticoles n’étaient pas restés inactifs et ils ont de plus l’oreille bienveillante de nombre d’élus. Le Sénat était revenu à la charge en proposant le texte sous une nouvelle forme, qui vient d’être validée par l’Assemblée nationale.

Mais attention, selon Macron qui se tortille les méninges pour jouer les vertueux, le but de ce texte n’est pas de faire de la publicité pour l’alcool, il est de donner la possibilité de transmettre des informations à caractère œnologique ! Tout est dans le vocabulaire. « Il faut permettre à certaines régions, et aux emplois qui vont avec, de défendre leurs intérêts, de faire la promotion de ce qu’on appelle l’œno-tourisme », a-t-il déclaré. Par régions, il faut bien sûr entendre quelques grandes sociétés vinicoles.

Votée en 1991, la loi Évin, qui en principe interdit la publicité pour toute boisson alcoolisée, a plusieurs fois été remise en cause. Trois ans seulement après sa parution, un premier assouplissement permettait les affiches de promotion. En 2005, il devenait légal de diffuser des publicités se rapportant au terroir et en 2009 un autre amendement introduisait la publicité sur Internet. Tout cela bien sûr accompagné du message hypocrite : « avec modération ».

Avec une consommation moyenne de 11,1 litres par an, la France dépasse de 25 % celle des pays de l’OCDE et arrive en sixième position des consommateurs d’alcool. L’alcool tue environ 60 000 personnes par an et l’addiction touche de plus en plus de jeunes. Cet amendement est un vrai recul dans la lutte contre l’alcoolisme, d’autant plus qu’il valorise aussi certains alcools forts. Mais, pour Macron, la consommation de boissons alcoolisées est une cause nationale. « À la bonne vôtre », dit-il en s’adressant aux grosses sociétés vinicoles !

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