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- Lutte ouvrière n°2469
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Editorial
Contre la barbarie djihadiste et le piège de l’union sacrée
Oui, il y aura un avant et un après le 13 novembre. Parce que, dix mois après les attentats contre Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher, l’horreur est montée d’un cran. Parce que les tueurs frappent indistinctement, sans raison, pour terroriser. Parce qu’on ne peut que ressentir de l’incompréhension, de l’inquiétude et de la révolte face à de tels actes barbares.
Hollande, la droite et le FN veulent profiter de cette émotion collective pour se poser en porte-parole et en représentants de toute la population. Ils veulent nous manipuler pour nous embrigader derrière leur politique passée, présente et à venir.
Il faut « l’unité nationale », il faut serrer les rangs, y compris avec le FN, nous disent-ils ! Car si, d’habitude, le PS, la droite et le FN prétendent représenter des options inconciliables, là, ils sont tous d’accord pour sonner la mobilisation générale.
Sur le plan extérieur, l’union sacrée du PS, de la droite et du FN pousse à intensifier la guerre en Syrie. Ils sont incapables de résoudre le chômage, les injustices et les inégalités en France, et ils veulent nous faire croire qu’ils éradiqueront le terrorisme dans le monde !
Mais la guerre dure depuis quatorze ans et force est de constater que les dirigeants des grandes puissances échouent à faire reculer le terrorisme. Avant de frapper Paris, c’est la Turquie, le Liban, l’Égypte, la Tunisie, que les terroristes avaient ensanglantés. Vendredi dernier, ils ont frappé au Mali, en plein cœur de Bamako, faisant 27 morts, alors que l’on nous expliquait que les terroristes avaient été vaincus dans ce pays.
Aujourd’hui, en Afghanistan, les talibans sont de retour. L’Irak et la Libye sont devenus des sanctuaires pour djihadistes. Et cela fait quatre ans que la Syrie est ravagée par la guerre.
Cette fois, les dirigeants impérialistes assurent qu’ils s’y prendront mieux. Mais ils s’apprêtent à s’appuyer sur le régime féroce de Bachar al-Assad. Ils vendent des armes au Qatar et à l’Arabie saoudite, qui financent et forment des djihadistes. Ils sont alliés à la Turquie, qui a laissé Daech prospérer et fait la guerre aux Kurdes.
Daech est né de la guerre menée en Irak par les États-Unis et le Royaume-Uni. Quel autre monstre sortira de celle-ci ? La guerre des grandes puissances n’éradiquera pas le terrorisme, elle l’alimentera, une fois de plus.
Quant à l’état d’urgence et l’arsenal sécuritaire que Hollande a puisé dans le programme de la droite et de l’extrême droite, ils ne nous protégeront pas des terroristes ici. On ne les fera pas reculer en les menaçant d’être déchus de leur nationalité ou d’être expulsés.
En revanche, ces mesures seront utilisées contre ceux qui veulent s’opposer et manifester contre le gouvernement ou le patronat.
Une des premières interdictions a frappé les manifestations qui devaient avoir lieu dimanche 22 novembre en soutien aux migrants. Alors que l’horreur des attentats nous donne une idée de la terreur quotidienne que ces femmes et ces hommes ont subie et ont fuie, alors que cela nous donne une raison de plus de les secourir, il est interdit de manifester pour le dire !
Au lieu de combattre les divisions, la peur et le racisme, ces mesures sécuritaires cultivent la méfiance, le repli sur soi et le rejet de l’autre. Elles vont dans le sens recherché par les terroristes eux-mêmes et elles font, ici, le jeu de la famille Le Pen.
Il faut refuser le cours réactionnaire et guerrier caché derrière l’unité nationale, le drapeau tricolore et La Marseillaise. « L’esprit national » est contraire aux intérêts des travailleurs. Il sert à faire taire les revendications et les luttes légitimes des exploités contre les exploiteurs.
Les crapules de Daech ne doivent pas faire oublier l’opposition d’intérêts entre les riches et les pauvres, entre les capitalistes et les travailleurs. La prétendue guerre contre le terrorisme ne met pas fin à la guerre de classe menée par le patronat. Elle ne met pas fin à la politique antiouvrière du gouvernement et au poison distillé par les autres serviteurs politiques de la bourgeoisie que sont la droite et le FN.
Alors, non à l’embrigadement derrière l’union sacrée du PS, de la droite et du FN ! Oui à l’unité des travailleurs conscients de leurs intérêts !
Du PS au FN, ils expliquent que participer aux élections régionales, qui auront lieu dans deux semaines, sera un acte de résistance. Eh bien, préparons-nous à voter pour faire entendre le camp qu’ils veulent tous faire taire. Préparons-nous à voter pour le camp des travailleurs, contre les fauteurs de guerre et contre les serviteurs de l’ordre social capitaliste qui nous enfonce dans la barbarie.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 23 novembre 2015