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- Lutte ouvrière n°2468
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après les attentats
Un concert auquel les travailleurs ne doivent pas ajouter leur voix
Il n’était pas encore minuit vendredi soir 13 novembre que Hollande appelait à l’union nationale dans son premier discours après la terrible tuerie qui venait de se produire. Alors que les pompiers, les soignants et bien d’autres salariés se mobilisaient spontanément pour venir en aide aux victimes, leur solidarité humaine n’ayant pas eu besoin de discours pour s’exprimer, Hollande se servait déjà de l’émotion engendrée par ce drame pour tenter d’enrôler la population derrière sa politique.
La solidarité envers les victimes de ces attentats n’a rien à voir avec l’union nationale. De même, le rejet et la dénonciation de la barbarie des djihadistes qui tuent aveuglément pour terroriser n’en ont pas besoin. Les appels à l’union nationale ne sont qu’une forme de chantage : soit avec les terroristes, soit derrière le gouvernement, en ordre et en silence.
Tout le week-end des 14 et 15 novembre, Valls a multiplié les discours pour appeler à cette union, au nom de la guerre menée par la France contre le terrorisme.
La droite est bien d’accord avec Hollande et Valls sur leur politique guerrière et sécuritaire. Et les parlementaires de droite n’ont pas été en reste pour applaudir aux propos guerriers et entonner La Marseillaise à pleins poumons lors du Congrès. Malgré cela, les différents dirigeants de la droite se divisent sur l’attitude à avoir. Certains comme Juppé embouchent les mêmes trompettes. En revanche Sarkozy, Morano et d’autres poursuivent leur jeu consistant à hurler au laxisme alors même que le gouvernement reprend leurs propres idées sécuritaires. Mais tous savent bien qu’ils mèneraient la même politique s’ils étaient aux commandes.
De son côté, même s’ils cherchent à faire entendre une voix légèrement différente, le PCF et le Front de gauche se rallient à leur façon à l’union nationale. Dans un communiqué signé de Pierre Laurent, le PCF appelle « notre peuple à ne pas céder à la peur, à se rassembler pour la liberté, l’égalité et la fraternité, et pour la paix ». Mais que veut dire, dans le contexte, « se rassembler », sinon l’unité nationale derrière Hollande ? Sur la responsabilité des gouvernements français dans la situation du Moyen-Orient, le PCF se contente d’expliquer que « La France est touchée par la guerre et la déstabilisation qui minent le Proche et le Moyen-Orient. La lutte contre le terrorisme appelle une mobilisation redoublée et des solutions internationales. » Il n’y a là pas un mot de la responsabilité de l’impérialisme français. De son côté, Jean-Luc Mélenchon, s’il a fait entendre quelques critiques sur les mesures sécuritaires prises par le gouvernement, salue « l’heureuse volte-face » de Hollande sur la Syrie. C’est soutenir explicitement sa politique guerrière. Quant aux appels du PCF comme de Mélenchon pour une solution sous l’égide de l’ONU, il s’agit de la fumisterie habituelle demandant qu’elle fournisse une couverture politique à des interventions militaires.
Accepter la guerre menée par le gouvernement en Syrie, ou plus généralement la politique de la France et de ses alliés impérialistes au Moyen-Orient, c’est accepter une des causes principales de l’aggravation du terrorisme islamiste. Oui, la France porte une responsabilité lourde dans la situation catastrophique du Moyen-Orient qui se traduit par l’existence de groupes terroristes comme Daech. L’affirmer et le dénoncer, ce n’est pas « excuser les terroristes » comme l’écrivent stupidement des journalistes. Au contraire, c’est défendre l’idée qu’un monde débarrassé de la barbarie, des guerres et de son cortège d’horreurs, ne pourra naître qu’en abattant le système impérialiste qui les engendre.