Toyota-Onnaing : profits et exploitation record18/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2468.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toyota-Onnaing : profits et exploitation record

La direction du groupe Toyota affiche de nouveau des profits record. Avec 9,5 milliards d’euros en six mois, d’avril à septembre 2015, ils sont en hausse en hausse de 12 %… avec une vente de voitures en baisse.

Certains journaux économiques parlent du « paradoxe Toyota ». Ils évoquent le taux actuellement intéressant de la monnaie japonaise (le yen), qui a tendance à faire monter les profits du groupe. Ils évoquent aussi la mise en commun de composants entre différents véhicules et le fait d’avoir « poussé » le taux d’activité des usines… Tout cela compenserait, et au-delà, la baisse des ventes de 200 000 véhicules par rapport à la même période de 2014. Et ce que les journalistes économiques disent en des termes feutrés, les 4 000 travailleurs de l’usine Toyota à Onnaing dans le Nord, qui fabriquent la Yaris, le comprennent bien plus directement, dans leurs muscles et leur chair. C’est l’exploitation que Toyota « pousse » à son maximum.

Tout au long de l’année, la direction de l’usine a multiplié les attaques contre les salariés : postes de travail supprimés dans tous les ateliers, overtime (heures supplémentaires obligatoires) très fréquent, samedis matins ou dimanches de nuit travaillés, mais aussi sanctions contre des travailleurs ou des délégués pour des prétextes grossiers, futiles ou mensongers...

Depuis octobre, la direction a de nouveau augmenté la production, mais pas le nombre des postes de travail en proportion. Les charges de travail ont donc encore augmenté, comme à chaque réorganisation, que ce soit pour augmenter ou pour diminuer la production !

Les pannes et casses de machines ont été très fréquentes et les accidents sont plus nombreux, et plus graves. Aux presses, il y a eu plusieurs chutes de charges ou dysfonctionnements des ponts roulants et s’il n’y a pas eu de blessés c’est un pur hasard car nombre de ces accidents auraient pu avoir des conséquences mortelles.

Ce qui est en cause est la course aux profits maximum. En effet, dernièrement, si les ponts roulants ont lâché leur charge ou sont devenus incontrôlables, c’est parce que la direction n’a pas voulu payer l’entreprise compétente pour installer les cartes électroniques commandant leurs mouvements. Elle l’a fait faire en interne, pour faire des économies.

Un peu partout dans l’usine, pour arrêter la production le moins possible et pour économiser sur les pièces de rechange, les réparations sont faites à la va-vite, avec des bouts de ficelle et de scotch, et ce n’est pas une image mais la réalité.

Lorsque les mauvaises conditions de travail, de sécurité, et la fatigue causent des accidents, il est de plus en plus difficile pour les ouvriers de se déclarer en accident de travail. Non seulement les pressions directes sont devenues le lot commun, mais depuis plusieurs mois, la direction de l’usine refuse carrément de donner les papiers d’accident de travail, et donc de les déclarer. Elle le revendique officiellement en réunion de Comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT), malgré les rappels à la loi de l’inspection du travail. Ainsi, en réponse à un salarié, pourtant délégué du personnel, qui réclamait à juste titre ses papiers d’accident de travail, malgré la présence du contrôleur de la Carsat ce jour-là dans l’usine, qui a lui aussi rappelé à un membre de la direction que c’était la loi, ce directeur a affirmé que Toyota faisait « un autre choix »… et n’a toujours pas déclaré cet accident de travail !

Une partie des travailleurs en a plus qu’assez, et ne se laisse pas avoir par les mensonges de la direction. Cela ne se traduit pas pour l’instant par des réactions collectives. Mais l’arrogance de la direction finira par les provoquer.

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