Suisse : trois jours de grève dans la fonction publique genevoise18/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2468.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Suisse : trois jours de grève dans la fonction publique genevoise

Du 10 au 12 novembre, les fonctionnaires du canton de Genève se sont fait entendre par la grève et les manifestations. Le mécontentement était palpable depuis la présentation du projet de budget 2016 en septembre dernier. L’appel des syndicats à une grève reconductible pour obtenir le retrait de ces mesures a donc reçu un bon accueil, d’autant qu’il s’agissait de faire une grève active.

Chaque jour étaient prévus des piquets de grève sur les lieux de travail, une assemblée générale commune des grévistes de tous secteurs et enfin une manifestation.

Bien sûr, avec un taux de chômage bas et des salaires élevés, on parle souvent de la Suisse comme d’un havre de prospérité en Europe. Cela n’empêche pas le patronat de se plaindre : depuis un an que le franc suisse est remonté par rapport à l’euro, ce serait la crise car les entreprises helvètes ne pourraient plus exporter vers la zone euro.

C’est une raison suffisante pour que l’État consente de nouveaux cadeaux fiscaux aux capitalistes et décide donc de réduire ses budgets, présentant ainsi la note aux travailleurs et aux usagers des services publics.

Dans le canton de Genève, les élus, qui prévoient une ristourne de plus de 400 millions d’euros sur les impôts des grandes entreprises, veulent réduire les dépenses de l’État de 5 %. Concernant la fonction publique, ils ont donc décidé la suppression de 1 800 postes, la facilitation des licenciements et le non-remplacement des départs à la retraite. Il faut ajouter à ces mesures de nouvelles embauches selon une grille salariale inférieure, une augmentation du temps de travail de 40 à 42 heures hebdomadaires sans augmentation de salaire, le gel des salaires et la baisse des subventions aux associations du secteur social.

Appelée en réponse à ces mesures, la grève a été particulièrement bien suivie dans le secteur scolaire (enseignants et administratifs), mais elle a touché également la justice, la police et les services techniques et administratifs du canton. Dans les hôpitaux, la direction a senti monter la vague et a répondu en mettant beaucoup de personnel en astreinte. Même dans des secteurs moins touchés, comme l’université, de nombreux employés ont tenu à se déclarer grévistes une demi-heure ou une heure par jour pour marquer leur solidarité avec le mouvement... et participer aux manifestations.

Celles-ci ont rassemblé de 7 000 à 10 000 personnes chaque jour pendant trois jours. Sur des pancartes, on pouvait lire : « Économies à l’État = cadeaux au patronat ». Les cortèges étaient jeunes et dynamiques, tout le monde criant en chœur « Grève, grève, grève et manifestation : c’est ça, c’est ça, c’est ça la solution ! ».

« Tous ensemble ! » était un autre slogan largement repris. D’ailleurs, des étudiants et des lycéens marchaient aux côtés des enseignants et, le mercredi 11 novembre, les fonctionnaires défilaient avec les maçons dont la convention collective est menacée par les patrons du bâtiment. La plus grande artère de la ville a été bloquée par le cortège. On n’avait pas vu ça à Genève depuis plus de vingt ans !

La grève a été suspendue le jeudi 12, mais une nouvelle manifestation a encore eu lieu le lendemain, sous les fenêtres du Conseil d’État. Plusieurs milliers de fonctionnaires se sont fait entendre des élus à coup de sifflets, de casseroles et de crécelles. Au micro, des employés de différents secteurs sont venus dire leur ras-le-bol des classes surchargées, des locaux non nettoyés, des médicaments rationnés pour les patients. Chaque fois qu’une silhouette en costume apparaissait aux fenêtres, la bronca reprenait.

Il n’est pas dit que les politiciens genevois en aient fini avec la colère des fonctionnaires, d’autant qu’un nouvel appel à la grève est lancé pour début décembre.

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