Samedi 14 novembre, au lendemain des attentats, les postiers du Centre de distribution du courrier des 11e et 20^e arrondissements sont arrivés au travail de 5 heures à 6 h 45. Alors que certains d’entre eux avaient été témoins des attentats ayant ensanglanté le 11e arrondissement, où se trouvent le Bataclan et plusieurs des restaurants attaqués, tous étaient choqués. Dehors, la police et l’armée quadrillaient le quartier. Le gouvernement et les médias évoquaient l’état d’urgence, et il était recommandé de ne sortir qu’en cas de nécessité absolue.

Cela n’a pas empêché le directeur du centre de demander aux postiers de partir en tournée et de distribuer le courrier, comme si de rien n’était ! Le sentiment d’insécurité partagé par la majorité faisait dire à tous qu’il n’en était pas question. À quoi le directeur a répondu, sans rire : « la vie continue ». Et d’invoquer le service public, sur lequel il s’asseoit en général.

Oui, la vie doit continuer, mais encore faut-il que le moment soit venu. Les postiers, choqués, ont été nombreux à refuser de partir en tournée, faisant valoir leur droit de retrait. Et on comprend que, dans cette situation d’après attentats, ils n’avaient pas souhaité aller arpenter les rues comme si rien ne se passait.