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- Lutte ouvrière n°2468
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Élections régionales
Nathalie Arthaud le 13 novembre à la Mutualité à Paris : La campagne des listes Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs
Le 13 novembre au soir, la liste « Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs » présentée en Île-de-France pour les élections régionales tenait meeting à la Mutualité à Paris sous la présidence d’Arlette Laguiller et avec les candidats têtes de liste des départements de la région. On trouvera ci-dessous quelques extraits du discours de Nathalie Arthaud qui conduit cette liste au côté de Jean-Pierre Mercier.
Notables locaux, politiciens en herbe, médias : tous les acteurs ont pris place pour cette nouvelle comédie électorale que sont les élections régionales. Et c’est reparti pour les coups bas entre politiciens et les promesses bidon. Tous vont rénover les transports, les développer, les sécuriser, les rendre plus confortables et ponctuels. Les lycées, annonce Pécresse, seront ouverts le soir, le week-end, pendant les vacances. Des logements sociaux, des logements intermédiaires ou encore des logements étudiants seront construits, s’engage Bartolone. Et promis juré, avec eux, le taux de chômage reculera en Île-de-France, et même l’air sera plus respirable…
Bref, ils feront demain ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire. Ce que le PS n’a pas fait depuis les 17 ans qu’il dirige la région. Ce que la droite n’a jamais su faire quand l’UMP était à la tête de l’État. Cette comédie autour des programmes régionaux est ridicule.
Rassembler politiquement les travailleurs conscients
Ce qui préoccupe les millions de femmes et d’hommes au chômage, en intérim ou en CDD, c’est d’avoir du travail. Et pour ceux qui en ont encore un, c’est de le conserver. Pour l’écrasante majorité des classes populaires, c’est une vie au jour le jour, la crainte de ne pas pouvoir boucler la fin du mois, la galère de se loger dignement.
Et cela fait des années, des décennies que le monde du travail vit et s’enfonce dans cette précarité. Il y en a eu des élections et des alternances au pouvoir et cela n’a rien changé. Alors comment s’étonner que ces élections leur passent au-dessus de la tête ?
Beaucoup nous disent « tout ça ne sert à rien ». Il n’y a pas à s’en étonner. Il y a à convaincre que si, le vote pour les listes Lutte ouvrière a une utilité : celle de montrer qu’il y a des travailleurs qui ont compris que les grands partis ne représentent pas leur camp. Celle de rassembler politiquement les travailleurs conscients d’avoir des intérêts de classe à défendre.
Oh, le problème n’est pas d’être entendus de ceux qui gouvernent, car ces gens-là se moquent de ce que les électeurs peuvent signifier dans les élections. Mais il s’agit d’être entendus du monde du travail, il s’agit de montrer aux nôtres qu’une fraction ne se résigne pas, qu’il y a un camp auquel ils peuvent se rallier s’ils n’acceptent pas la situation.
(...)
Tout en étant rivaux, le PS, Les Républicains et le FN sont profondément complices de l’ordre social capitaliste. Ils se concurrencent mais ils s’accordent pour jouer cette comédie électorale qui cache ceux qui dominent réellement la société, la grande bourgeoisie et le grand capital.
Le FN a été parfaitement intégré au jeu politicien de la droite et du PS. Et ce n’est pas une chose nouvelle. Mitterrand, président de 1981 à 1995 avait déjà fait du FN une arme contre la droite. En 1986, il avait instauré un scrutin proportionnel aux élections législatives (...) Mais ce n’était pas par conscience démocratique, c’était pour diviser la droite et l’affaiblir à l’Assemblée. À l’époque, 35 députés du FN étaient entrés à l’Assemblée nationale.
Le PS a fait le lit du FN
Aujourd’hui le PS se sert du FN pour essayer de conserver l’électorat qu’il a profondément écœuré. Cambadélis, le patron du PS, a même organisé un pseudo-référendum pour pousser à l’union de la gauche.
Quant à Valls, en évoquant un éventuel retrait de la liste PS, voire sa fusion avec celle de la droite au second tour dans la région du Nord, il veut se poser en champion de la lutte contre le FN, en sauveur au-dessus des partis en quelque sorte parce que la lutte contre le FN est devenue son ultime argument électoral !
Valls parle de « drame » et de « catastrophe » si le FN parvenait au pouvoir. Mais à qui la faute si le FN monte aujourd’hui dans ces régions dominées par les socialistes depuis des décennies ? À qui la faute si le PS a dégoûté son électorat le plus fidèle ? Au nom de la lutte contre le FN, il faudrait oublier les 6 millions de chômeurs, les cadeaux au patronat, sa politique antiouvrière ? Mais se taire est pire, se faire le complice du PS ne ferait que renforcer le FN dans la classe ouvrière.
Faire du Front national le diable en politique relève d’une manipulation (...) Tout cela pour nous faire croire qu’il y a un gouffre séparant tous ces partis. Tout cela pour faire peur aux travailleurs, quand c’est le PS lui-même qui est en train de porter les coups ! Tout cela pour nous faire oublier que c’est lui, le PS, qui a fabriqué le FN en abandonnant son propre électorat !
Le summum du ridicule est atteint quand la droite elle-même se pose en rempart contre le FN. En quoi un Estrosi, qui voit dans l’islam une cinquième colonne en France, peut-il être un rempart contre Marion Maréchal Le Pen en Provence-Alpes-Côte-d’Azur ? Il est la copie de l’original ! Il a choisi la droite pour écurie il y a bien longtemps, mais qui peut jurer qu’il n’en changera jamais pour celle du FN ? Il ne serait pas le premier !
Le parti des Républicains, c’est le parti de Copé et de ses pains au chocolat prétendument arrachés par des voyous qui voudraient imposer le ramadan à leurs copains, c’est le parti de Sarkozy qui compare les migrants à une fuite d’eau, c’est le parti de Morano et de « la France pays de race blanche », c’est le parti du ministère de l’Identité nationale. En quoi tous ces gens peuvent-ils lutter contre les idées du FN quand ils contribuent à les véhiculer eux-mêmes !
Dans la lutte contre les idées infectes du FN, la droite et le PS ne sont que des planches pourries et leurs appels à faire barrage au FN dans les urnes relèvent du chantage.
À tous ceux qui sont légitimement inquiets de la montée du FN, nous disons que l’influence du FN dans la classe ouvrière vient de ce que les travailleurs ont perdu confiance dans leurs propres perspectives. Elle provient du désarroi engendré par la trahison et les reniements de partis qui prétendaient représenter leurs intérêts.
(...)
Exprimer une politique de classe
Dans ces élections, certains à gauche nous reprochent de ne pas nous être ralliés au Front de gauche et d’être une liste de plus, à gauche de la gauche. Mais nous ne sommes pas une liste de plus. Nous sommes les seuls à nous présenter pour faire entendre les idées de la lutte de classe, les seuls à affirmer que les travailleurs ont le droit et le devoir d’intervenir politiquement sur la base de leurs intérêts d’exploités car il n’y a qu’eux et leurs luttes qui offriront une issue pour la société.
Contrairement à Pierre Laurent du PC ou à Jean-Luc Mélenchon du PG, nous ne disons pas que Sarkozy ou Hollande sont à l’origine de tous les reculs subis par les travailleurs. Ce n’est pas une question de politicien et ni même de politique mise en œuvre. C’est fondamentalement une question de rapport de force entre d’un côté la bourgeoisie et de l’autre les exploités.
(...)
Voilà pourquoi il n’est pas question pour Lutte ouvrière d’abandonner l’expression d’une politique de classe au profit d’on ne sait quelle combinaison électorale. Et à plus forte raison il n’est pas question de noyer le langage de la lutte de classe pour s’acoquiner avec des partis ou des regroupements de déçus de la gauche qui se détournent du PS au pouvoir après l’avoir aidé à s’y hisser !