Grèce : grève générale contre l’austérité18/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2468.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : grève générale contre l’austérité

Le 12 novembre, la grève générale en Grèce a été bien suivie, en particulier dans les services publics : les transports en commun, train, tram, métro, bateaux, les établissements scolaires, les hôpitaux publics réduits au service minimum.

À Athènes les manifestations ont rassemblé environ 20 000 personnes, avec trois points de rassemblements : l’un organisé par les fédérations du public (Adedy) et du privé (Gsee), un autre par Pame (syndicat proche du Parti communiste KKE) et un troisième regroupant différents groupes d’extrême gauche et de gauche dont l’Unité populaire, parti récemment constitué par les dissidents de Syriza. Même Syriza, le parti du Premier ministre, avait appelé à la grève. Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes, Patras, Heraklion en Crète, et à Thessalonique, ­deuxième ville du pays, environ 10 000 personnes ont défilé.

Les manifestants ont dénoncé les mesures d’austérité imposées par le troisième plan des créanciers internationaux en échange d’une prétendue aide financière, essentiellement destinée à renflouer les banques et à payer les intérêts de la dette. Or les mesures adoptées accablent encore plus la population comme les hausses de TVA, le nouvel impôt foncier et l’augmentation de la cotisation santé des retraités.

Mais cela ne suffit pas aux créanciers qui versent des fonds par tranches et ont bloqué le dernier versement prévu de deux milliards « d’aide » et dix milliards pour les banques, faute d’avoir reçu des assurances sur une réforme des retraites et sur les saisies immobilières pour dettes. Avant de recapitaliser les banques, point essentiel à leurs yeux, ils veulent savoir combien elles ont de créances douteuses et comment le gouvernement entend faire payer les propriétaires endettés.

Finalement, le gouvernement aurait proposé un plan de paiement acceptable par les créanciers. Mais qu’en sera-t-il de la population ? Plus des trois quarts des Grecs sont propriétaires de leur résidence principale, souvent un héritage familial. Mais combien, dans les couches populaires, sont capables de payer leurs dettes – gaz, électricité, impôts – alors que le chômage touche plus du quart de la population et un jeune sur deux ? Combien de retraités dont la pension, jusqu’à présent, était un apport essentiel, vont pouvoir continuer à aider leur famille ? Près de la moitié d’entre eux ont désormais des revenus entre 300 et 800 euros par mois. Et pour les futurs retraités, le report de l’âge de la retraite à 67 ans pourrait entraîner une coupe dans les pensions jusqu’à 40 % pour ceux qui partiraient, volontairement ou non, avant 65 ans.

Tsipras déplore d’être obligé de céder aux créanciers, son parti participe aux manifestations, mais pour la population pauvre, pour les travailleurs, la situation empire. Les agriculteurs de différentes régions se sont donné rendez-vous à Athènes le 18 novembre pour protester contre la réforme de leurs impôts et de leur protection sociale. Les employés du métro ont fait une nouvelle grève le 15 novembre contre la baisse de leurs revenus. Les travailleurs, la population, qui ont participé à de larges mouvements dans le passé, vont devoir reprendre le même chemin contre ce gouvernement, qui applique les mêmes mesures que les précédents.

Partager