Portugal : vers un gouvernement « antiaustérité » ?11/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2467.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : vers un gouvernement « antiaustérité » ?

Le mardi 10 novembre, la motion de censure déposée par le Parti socialiste au Parlement portugais a recueilli 123 voix : celles des députés du PS, du PC et du Bloc de gauche se situant à l’extrême gauche. Le gouvernement de droite est donc tombé. Antonio Costa, le dirigeant du PS, devrait maintenant former un gouvernement exclusivement socialiste, soutenu par le PC et le Bloc de gauche.

L’accord conclu entre ces partis pour la durée de la législature prétend « tourner la page de l’austérité » et mettre fin, progressivement, à toute une série de mesures prises par la droite. Les mesures sur lesquelles ils se sont mis d’accord entraîneraient l’augmentation progressive du salaire minimum, de 505 euros brut aujourd’hui à 600 euros en 2019, ainsi que la fin des coupes dans les salaires de la fonction publique et du blocage des pensions de retraite. Elles régulariseraient les travailleurs victimes de contrats abusifs d’autoentrepreneurs, d’insertion ou de stages et mettraient fin au système qui permet de licencier dans la fonction publique. Des postes dans la santé et l’éducation seraient créés et les privatisations en cours annulées.

Après des années d’austérité et de mesures catastrophiques pour le niveau de vie des classes populaires, ce programme comporte bien sûr des mesures qui ne peuvent que recueillir l’approbation des travailleurs, malgré leur caractère prudent et modeste.

Reste à savoir qui pourrait les réaliser… Car si le Parti communiste affiche sa confiance envers le PS et si le Bloc de gauche se dit rassuré par les mesures promises sur la sécurité sociale ou les pensions, il faut tout de même rappeler que le programme d’austérité mis en place par la droite a été initié par le PS au gouvernement avant elle.

Et même si les dirigeants du PS étaient réellement sensibles à une « pression à gauche », comment pourraient-ils mettre en œuvre ces promesses, même timides, sans s’affronter au grand capital, en particulier à ses représentants européens qui, au Portugal comme en Grèce, ont piloté les politiques d’austérité ? Or Costa a déjà garanti que les engagements pris par le Portugal vis-à-vis de l’Europe seraient respectés et il a loué le sens des responsabilités et l’esprit de compromis constructif de ses alliés, qui pourront continuer à manifester contre l’Union européenne tout en soutenant son gouvernement.

Les travailleurs portugais, la population qui a voté massivement contre la politique d’austérité qu’elle subit, ne devront pas se contenter d’espoirs dans l’action d’un tel gouvernement. Il leur faudra lutter eux-mêmes pour arracher les mesures promises et en vérifier l’application.

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