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Brésil : sous les boues des trusts miniers
Deux barrages miniers ont lâché jeudi 5 novembre sur le territoire de Mariana, dans l’État brésilien du Minas Gerais, libérant une vague de boue de plusieurs mètres de hauteur qui a ravagé des localités, jusqu’à plus de 50 kilomètres de distance. Les premières estimations parlent de dix-sept morts, d’une quarantaine de disparus, de centaines de blessés et de sans-abri, la plupart parmi les salariés de la mine ou leurs familles.
Ces barrages formaient des retenues destinées à stocker les boues provenant du nettoyage et de la transformation en granules du minerai de fer du site Germano, appartenant au groupe Samarco. Cette entreprise est une filiale de la société brésilienne Vale et du groupe australien BHP Billiton, deux des trois géants mondiaux du secteur. Elle possède d’autres sites au Brésil, 400 kilomètres de convoyeurs de minerai et un terminal pour cargos sur la côte par lequel passent chaque année 30 millions de tonnes de minerai de fer.
On ignore pour le moment ce qui a déclenché la rupture des barrages : tremblement de terre, explosion dans une mine, effondrement d’un terril ? La direction de Samarco assure que les barrages avaient été récemment vérifiés et étaient en parfait état. On peut en douter : une inspection de 2013 avait émis une alerte, et des travaux de rehaussement étaient en cours sur l’un des deux, pour augmenter la capacité de la retenue afin d’augmenter la production de 9,5 millions de tonnes. Mais les ruptures de barrages de retenues minières sont courantes au Brésil, car à chaque tonne de minerai correspond une tonne de déchets. L’an passé, l’un d’eux s’est écroulé non loin de Belo Horizonte, la capitale de l’État.
Minas Gerais tire son nom des mines, d’or, de pierres précieuses et de nombreux minéraux, qui ont fait sa richesse depuis le 18e siècle. Aujourd’hui, les minerais représentent plus de la moitié des exportations du pays, du minerai de fer pour les quatre cinquièmes. Autant dire que les compagnies minières y font toujours la loi. Alors, face aux centaines de milliards de Vale ou Billiton, que pèsent la sécurité et la vie des travailleurs et des voisins de la mine ?