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Leur société
Nouveaux retraités : pensions toujours en retard
Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes, déjà à la retraite, sont toujours en attente du versement de leur première pension. Ils patientent depuis plusieurs mois et, pour certains cas ubuesques, depuis plus d’un an.
Cette situation, dramatique pour ceux qui n’ont aucun autre revenu, n’est pas nouvelle. Elle avait fait, à plusieurs reprises en 2014 et début 2015, les titres de journaux. La cause de ce dysfonctionnement inadmissible est connue : les Carsat, les caisses chargées de traiter ces dossiers, sont en continuel sous-effectif.
En août dernier, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine avait pris une mesure d’urgence, un décret qui garantit à partir du 1er septembre 2015 « le versement d’une pension... aux assurés qui déposent une demande complète au moins quatre mois avant la date de départ prévu ». Et cela, même si la retraite n’est pas liquidée, même si le versement en question ne sera qu’une estimation.
On aurait pu croire qu’avec cette mesure la situation allait se détendre. C’est ce que veut faire croire Pierre Mayeur, le directeur de la CNAV – la Caisse nationale d’assurance vieillesse – qui prétend que « le stock de dossiers en retard de liquidation a été résorbé... et est revenu à son niveau de 2007 », que 96 % à 97 % des dossiers sont pris dans les temps et qu’il n’y a pas de remontées de cas alarmants.
Mais tout le contredit. Par exemple, actuellement, 3 000 à 4 000 dossiers demeurent en retard à Villeneuve-d’Ascq, dans le Nord. Et ce n’est pas la seule caisse dans ce cas : 3 à 4 % de dossiers en retard, de l’aveu même du directeur, cela fait tout de même sur l’ensemble du territoire 24 000 à 30 000 retraités qui ne reçoivent pas encore de pension. Et puis il y a tous les cas que le décret a soigneusement évités. Ainsi, tous les dossiers déposés avant le 1er septembre 2015 ne sont pas concernés par cette limite de quatre mois, les pensions de réversion non plus, et les retraités de 36 régimes spéciaux, comme les pompiers ou la SNCF, ont été soigneusement oubliés.
Les cas alarmants sont donc en fait extrêmement nombreux. Le défenseur des droits, Jacques Toubon, avoue voir arriver de plus en plus de plaintes, au point que d’après ses chiffres les milliers de plaintes liées à la protection sociale – en particulier celles concernant les retraites – représentent le tiers de son activité. Et tous les retraités maltraités ne portent pas plainte auprès de lui, loin s’en faut.
De leur côté les salariés des caisses de retraite confirment que la situation n’est pas près de véritablement s’améliorer. La mesure d’urgence décidée par Marisol Touraine va générer, d’après les syndicats, 20 à 40 % de travail supplémentaire car, dans six mois, chaque dossier de retraite devra être réexaminé pour un traitement définitif.
Le traitement en urgence aurait dû évidemment s’accompagner de personnel supplémentaire. Eh bien, c’est tout le contraire. La CNAV s’est engagée auprès du gouvernement, qui cherchait à faire des économies, à réduire ses effectifs de 960 postes. Cela dit toute la valeur des paroles gouvernementales.