Gouvernement : partie de campagne aux Mureaux28/10/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/10/p3_dessin.jpg.420x236_q85_box-0%2C495%2C2364%2C1825_crop_detail.jpg

Leur société

Gouvernement : partie de campagne aux Mureaux

Lundi 26 octobre aux Mureaux, ville populaire des Yvelines, il y avait du ministre au mètre carré. Valls et dix-sept de ses collègues avaient fait le déplacement à 50 kilomètres de la capitale, pour tenir un comité interministériel « sur l’égalité et la citoyenneté » dans les banlieues.

Illustration - partie de campagne aux Mureaux

Comme prévu par le secrétariat de presse de Matignon, le Premier ministre devait faire le point sur les mesures annoncées six mois auparavant, sur l’emploi, les discriminations, le logement. L’ordre du jour était choisi de telle sorte que, n’ayant rien à annoncer, Valls a pu tout de même ressortir le vieux sans faire de neuf. Les policiers équipés de caméras individuelles lors des contrôles, les tests en direction des entreprises pour piéger la discrimination à l’embauche, les préfets qui pourront se substituer aux maires récalcitrants à appliquer la loi SRU sur les logements sociaux, toute une panoplie de mesures éventées était évoquée.

Les allusions au dixième anniversaire des émeutes de Clichy-sous-Bois, déclenchées en novembre 2005 après la mort des deux jeunes électrocutés dans un transformateur, n’étaient là que pour signaler que les « quartiers », comme si parler de « banlieues ouvrières » était un gros mot, restaient au cœur des préoccupations de l’équipe PS au gouvernement.

Car en fait c’est là le véritable enjeu de ces déplacements présidentiels ou ministériels à Vesoul, Saint-Nazaire, La Courneuve ou Les Mureaux : la campagne électorale des élections régionales a bel et bien commencé, et ­Valls ou Hollande s’y livrent allègrement, sur le temps de travail. Pas même gêné de rappeler un événement, la mort de Zyad et Bouna, à la suite duquel la justice a tranché en faveur de la relaxe définitive des deux policiers poursuivis, Valls n’a pu que mettre en évidence la persistance des problèmes que vivent les 30 000 habitants des Mureaux, comme ceux des autres banlieues ouvrières du pays.

Asphyxiée par un chômage qu’aucune mesure-sparadrap ne parvient à enrayer, la population de ces communes n’a rien vu changer à sa situation, ni en termes d’emploi, ni en termes de logement, encore moins en niveau de vie. Les services publics comme l’hôpital et les transports en commun se dégradent à mesure des économies de gestion, et les entreprises du secteur, grandes et petites, ne développent que l’emploi précaire.

On comprend que, après l’expérience déplaisante de Hollande, reçu fraîchement une semaine auparavant à La Courneuve, le secret ait été bien gardé pour la séance aux Mureaux, où les spectateurs, de ce fait, ne se bousculaient pas. Interrogé sur l’aspect désert des rues, Valls a répliqué sans rire : « Ils sont au travail, le lundi matin. » Dans des quartiers où le chômage touche 40 % de la population, il ne saurait mieux montrer son ignorance, et même son mépris, de ceux qui y vivent.

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