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Dans le monde
Conférence sur la Syrie : impérialismes petits et grands à la manœuvre
Vendredi 23 octobre, les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, de Russie, de Turquie et d’Arabie saoudite se sont réunis à Vienne pour discuter de la situation syrienne, dans le cadre de leur recherche d’une solution politique à la crise.
La Russie défend le régime du dictateur syrien et lui prête main-forte sur le plan militaire. Poutine a même invité Assad à Moscou quelques jours avant cette réunion, lui permettant pour la première fois depuis 2011 de sortir officiellement de Syrie. De leur côté, la Turquie et l’Arabie saoudite continuent de réclamer la tête d’Assad en soutenant et en alimentant en armes et en argent les milices djihadistes qui le combattent.
Le chaos en Irak et en Syrie, dont les interventions diplomatiques et militaires des puissances impérialistes, à commencer par celles des États-Unis, sont largement responsables, a abouti à une situation totalement incontrôlable, marquée par l’émergence de l’organisation État islamique (Daech). Les dirigeants américains ne voient maintenant pas d’autre moyen de se sortir de cette situation que de compter sur l’Iran et la Russie pour jouer un rôle stabilisateur. Cela implique d’une façon ou d’une autre de renouer le contact avec leur allié, le régime de Bachar Al-Assad. Cela implique aussi de lâcher progressivement les groupes djihadistes que les États-Unis ont soutenus jusqu’à présent contre Assad.
Dans ce début de négociations, les États-Unis n’ont pas souhaité associer officiellement la France. Pour l’instant, celle-ci continue de jouer sa propre carte en cherchant à rassembler les mécontents de la diplomatie américaine. Ainsi, en réponse à la réunion de Vienne, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères français, a déclaré : « Il faut être clair sur le fait qu’une solution politique doit conduire à ce qu’il y ait une autre perspective que quelqu’un qui est un criminel contre l’humanité. » Et, comme pour désigner qui la diplomatie française oppose à ce « criminel contre l’humanité », il a immédiatement annoncé un dîner de travail mardi 27 octobre à Paris avec une belle brochette de représentants de dictatures monarchiques, religieuses et de régimes autoritaires comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, la Turquie et la Jordanie. Cependant, l’indépendance de l’impérialisme français vis-à-vis des États-Unis ayant des limites, Fabius a également invité à son dîner les représentants des États-Unis ainsi que d’autres puissances européennes comme l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie.
Les gesticulations de l’impérialisme français permettent à Bouygues, Dassault et d’autres d’étoffer leurs carnets de commandes. Il faut bien se répartir les rôles pour tenter de récupérer des marchés. Car si une solution politique finit par voir le jour sous l’égide de l’Iran et de la Russie, voire de la Turquie, sauvant en partie le régime d’Assad avec le consentement des États-Unis, ce seront les perspectives de marchés en Syrie et autour, ceux des matières premières, de la reconstruction et encore bien d’autres, qui s’éloigneront pour les capitalistes français.
Qu’à cela ne tienne, ils se rattraperont auprès des grands amis de la démocratie que sont les émirs du Golfe ou le roi d’Arabie saoudite qui, et cela ne gâte rien, sont pleins aux as !