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Leur société
Producteurs de viande et de lait : une colère qui inquiète le gouvernement
Les producteurs de viande bovine, de lait et de porcs se mobilisent à nouveau. Ils ont commencé par bloquer Caen, puis le mouvement s’est étendu à des lieux touristiques. Cela fait plusieurs semaines qu’ils se manifestent en déversant sur les parkings des centres commerciaux des déchets, des pneus et du fumier et en bloquant des abattoirs.
Ces agriculteurs en colère protestent contre la baisse incessante des prix de leurs productions. Ils s’en prennent, à juste titre, aux industriels de la filière qui abattent et transforment les produits agricoles et aux capitalistes de la grande distribution. Car tous accroissent leurs marges bénéficiaires pendant que les agriculteurs n’arrivent plus à vivre de leur production. Le prix du lait est descendu à moins de 300 euros la tonne alors que les trusts du secteur, Lactalis, Nestlé, Danone, ont augmenté leurs prix. Le prix moyen de la viande bovine payé aux agriculteurs a chuté de 13 % en deux ans, mais pas celui de la viande achetée par le consommateur dans les rayons des supermarchés. Les regroupements en cours des centrales d’achat de la grande distribution ne font d’ailleurs que renforcer leur toute-puissance. Quatre centrales d’achat, issues de ces regroupements, contrôlent 93 % de l’offre de produits de l’agroalimentaire. Cela met la grande distribution encore plus en position de force pour imposer ses prix d’achat aux producteurs et de vente aux consommateurs dans un marché capitaliste où les perdants sont les petits producteurs.
Les capitalistes de la grande distribution, ceux des abattoirs et ceux de la transformation se renvoient la balle. Les porte-parole de la grande distribution osent même affirmer qu’ils ne font pas de bénéfice sur la viande bovine et le lait. Mais les profits affichés par les uns et les autres, la multiplication par cinq de la fortune des Mulliez, propriétaires d’Auchan, en vingt ans, suffit à démonter ces mensonges.
« Une vague de dépôts de bilan menace l’élevage » titre le quotidien Les Échos du 20 juillet. Le ministre de l’Agriculture, Le Foll, estime de son côté « à 10 % le taux d’élevages en difficulté ». En juin, le gouvernement avait déjà promis d’agir. Un accord était signé, censé aboutir à une hausse des prix de cinq centimes par semaine jusqu’à atteindre un prix satisfaisant pour les éleveurs.
Mais il n’en a rien été car le gouvernement n’a rien fait pour les contraindre à appliquer cette hausse des prix. Il s’est incliné devant les industriels dominants du secteur, comme à son habitude. Cette fois, ça lui retombe sur le museau.
Devant la colère des éleveurs et des producteurs de lait Hollande a essayé de s’en sortir en appelant la grande distribution à offrir « aux consommateurs la qualité et aux agriculteurs un prix ». Puis, face à la détermination de ces derniers, il a envoyé en extrême urgence son ministre de l’Agriculture, promis quelques aides financières aux éleveurs les plus en difficulté et des soutiens pour les plus endettés. Mais ce « plan d’urgence » ne réglera pas la situation des agriculteurs car le gouvernement n’envisage pas une seconde de contraindre les capitalistes du secteur.
Les agriculteurs veulent pouvoir vivre de leur travail. Comme les travailleurs salariés, ils subissent la dictature des capitalistes, industriels de l’agroalimentaire et distributeurs ainsi que les contradictions d’un marché dont ils endurent les lois. Ils ont fait entendre leur détresse, mais aussi leur détermination et leurs revendications, en utilisant les moyens dont ils disposent. Une leçon à retenir pour le monde du travail.