Plusieurs victimes du Mediator se sont jointes à elle et devraient saisir le Conseil d’État pour demander l’annulation de cette nomination. Jusqu’à son retrait du marché en 2009, le Mediator avait été présenté comme un médicament contre le diabète, alors que c’était un coupe-faim aux effets secondaires graves connus. Le Mediator serait responsable de la mort de près de 2 000 personnes et des milliers d’autres vivent avec des complications cardiaques graves.

Or pendant des années, Nallet fut rémunéré par les laboratoires Servier. L’enquête judiciaire – 4 400 personnes ont porté plainte contre le laboratoire – avait établi qu’entre 1997 et 2008 il avait touché pas moins de 2,7 millions d’euros pour ses nombreuses fonctions de direction au sein du groupe, jusqu’à être conseiller du PDG, Servier. Puis, de 2009 à 2013, il fut conseiller auprès du groupe pour la modique somme de 812 000 euros par an… avant de se voir condamné pour trafic d’influence.

Pendant toute la procédure judiciaire, le laboratoire Servier a nié ses responsabilités et joué de toutes les procédures pour ne pas devoir indemniser ses victimes. Pire, depuis juin 2015, le laboratoire refuse même de payer les indemnisations décidées par l’Oniam (Office national d’indemnisation des accidents médicaux), une manœuvre pour que ces sommes soient versées au final par l’Oniam, donc par les contribuables. Dans une lettre à Hollande, le docteur Frachon dénonce le sort réservé aux victimes du Mediator et les décorations décernées à Nallet mais aussi à Jacques Servier, décédé en 2014 et qui a donc échappé à toute condamnation. En 2009, il avait encore reçu des mains de Sarkozy la grand-croix de la Légion d’honneur. Finalement, il y a une certaine logique – et parfaite continuité sous Hollande – à la promotion de Nallet dans l’ordre de leur Légion d’honneur…