Il y a vingt ans : le massacre de Srebrenica, les criminels et leurs complices15/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2450.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Il y a vingt ans : le massacre de Srebrenica, les criminels et leurs complices

Il y a vingt ans, le 11 juillet 1995, les milices serbes de Bosnie occupaient l’enclave de Srebrenica, que l’ONU avait pourtant proclamée « zone de sécurité ».

Les forces de l’ONU, chargées de protéger les populations civiles, ne firent pas le moindre geste pour les défendre. Pire, elles aidèrent les miliciens serbes à faire le tri entre les hommes, les femmes et les jeunes enfants qui furent déplacés. Tous les hommes catalogués comme Musulmans, dont certains avaient tout juste seize ans, furent massacrés, soit 8 000 personnes.

L’éclatement de la Yougo­slavie suivie d’années de carnages

La Yougoslavie avait été unifiée par Tito, arrivé au pouvoir à la tête du Parti communiste après la Deuxième Guerre mondiale. Jusqu’à sa mort, en 1980, un relatif équilibre avait été maintenu entre les différentes républiques nationales réunies dans la fédération yougoslave. En juin 1991, deux d’entre elles, la Slovénie et la Croatie, déclarèrent leur indépendance. En réaction, l’armée serbe, héritière de l’appareil militaire fédéral, tenta sans succès de les retenir. Ce fut le début d’une guerre sanglante.

La guerre entre la Croatie et la Serbie terminée, les ennemis de la veille, le serbe Milosevic et le croate Tudjman, s’entendirent pour se partager la Bosnie, une autre des républiques yougoslaves qui s’apprêtait, elle aussi, à proclamer son indépendance. La guerre qui s’ensuivit dura de 1992 à 1995. Elle fit 200 000 à 300 000 morts, essentiellement des civils, et plus de 4,5 millions de réfugiés et de personnes déplacées.

En Bosnie, plus encore que dans le reste de la Yougo­slavie, vivait une mosaïque de populations entremêlées : sur 4,3 millions d’habitants, elle comptait environ 31 % de Serbes, 17 % de Croates et plus de 43 % de Musulmans, dénomination qui désignait les autres habitants, qui n’étaient pas tous de confession musulmane. Pour assurer leur contrôle sur des territoires homogènes, les dirigeants nationalistes des différents bords armèrent des milices qui pratiquèrent massivement l’épuration ethnique, creusant un fossé de sang et de haine entre des populations qui avaient vécu jusque-là dans les mêmes villages et les mêmes quartiers.

La responsabilité écrasante des puis­sances impérialistes

Au début du conflit, les rivalités économiques et politiques des dirigeants impérialistes européens les poussèrent à appuyer des cliques nationalistes différentes, accélérant ainsi l’éclatement de la Yougo­slavie. L’Allemagne soutint, par exemple, les nationalismes slovène et croate, comme elle l’avait fait avant 1945, et la France, celui du serbe Milosevic, comme, quelques décennies auparavant, elle l’avait fait pour la monarchie serbe.

Par la suite, soucieux de mettre un terme à cette guerre qui devenait un facteur d’instabilité en plein cœur de l’Europe, les dirigeants occidentaux s’appuyèrent sans le moindre scrupule sur les responsables de ces massacres. Les accords dits de Dayton, obtenus en 1995 sous le patronage des États-Unis, entérinèrent la création de zones « ethniquement pures ». Délibérément, les dirigeants impérialistes laissèrent les massacres se dérouler sous les yeux des troupes envoyées en Bosnie sous le drapeau de l’ONU car cela favorisait leur « plan de stabilisation ».

Vingt ans plus tard, les dirigeants occidentaux commémorent l’un de ces massacres. Mais ils en ont été complices, pour ne pas dire les instigateurs.

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