Les pilleurs de tombe08/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2449.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les pilleurs de tombe

L’histoire commence comme un conte de fées. Il était une fois un directeur de musée qui souhaitait acquérir une magnifique antiquité chinoise. Il en parla à son ami, le bon président Chirac, féru lui aussi d’objets asiatiques. Le président s’en ouvrit au bienfaiteur Pinault, lequel déboursa un million d’euros, acheta l’œuvre, un rapace en or, et l’offrit au musée.

En fait, on comprend vite que pour Pinault c’est une façon de payer ses impôts, les donations aux musées étant déductibles à 66 %, que l’antiquaire vendeur est un grand ami du directeur de musée qui recommande l’achat, et que Chirac a table ouverte chez le milliardaire. Tout cela dans le meilleur des mondes, le plus cultivé, poli, philanthrope.

À ceci près que le rapace avait été volé sur un chantier de fouille et, plus précisément, sur un cercueil. Il faut d’ailleurs avoir toute la mauvaise foi de ces amateurs d’art, et surtout de bonnes affaires, pour prétendre l’ignorer. Cet oiseau était un objet funéraire et, comme des milliers d’autres venus des tombes et des monuments d’Égypte, de Perse, de Chine ou du Pérou, il n’a pu être vendu que parce qu’il avait été volé.

La bourgeoisie occidentale a une longue expérience en la matière, suffisante pour remplir des musées, des collections privées et des comptes en banque.

Depuis 1860, lorsque les soldats européens volèrent et détruisirent les trésors de la Chine, le rapport des forces a quelque peu changé. Aujourd’hui, pour préserver de bons rapports commerciaux, Hollande a fait restituer aux autorités chinoises le rapace en or.

Mais l’or des rapaces reste encore dans leurs coffres.

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