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- Lutte ouvrière n°2449
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Dans le monde
Haïti : hausse du dollar et vie chère
Dans le dernier numéro de leur journal La voix des travailleurs, nos camarades de l’OTR – Organisation des Travailleurs Révolutionnaires – décrivent les conséquences dramatiques de la dévaluation de la monnaie nationale, la gourde.
Des pleurs, des cris, des larmes, de la souffrance ; ici ce sont des enfants souvent en bas âge qui crient, le ventre creux, suppliant leurs parents de leur donner à manger ; ce sont des travailleurs qui sont obligés de travailler, l’estomac vide, incapables de se payer le prix d’un bol de riz devant l’usine. Là-bas, ce sont des locataires et les propriétaires de maison qui en viennent aux mains pour le non-paiement du bail ; ce sont des travailleurs qui font des kilomètres à pied faute de pouvoir trouver l’argent d’une course. Des exemples comme ceux-là, il en existe des milliers, qui illustrent l’extrême pauvreté et la précarité de la vie des masses pauvres du pays. Certes, cette situation ne date pas d’aujourd’hui, mais elle a connu une rapide détérioration depuis l’annonce de la décote de la gourde par rapport au dollar et du large écho dont elle a pu bénéficier dans les médias. Tout est fait pour préparer la population à accepter l’inacceptable.
Sur six mois, le taux de change de la gourde est passé de 45 à 52 gourdes environ pour un dollar, avec une forte accélération pour le seul mois de juin. Mais comment expliquer cette brusque augmentation incompréhensible des prix des produits de première nécessité autrement que par la volonté des magnats de l’économie de s’en prendre aux plus pauvres ? En un clignement de paupières, tous les prix des produits de grande consommation connaissent une forte hausse, parfois totalement disproportionnée par rapport aux quelques points de dévaluation de la gourde. En voici quelques exemples : la petite marmite de riz est passée de 120 gourdes à 125 gourdes, le gallon d’huile Mazola est passé de 300 à 350 gourdes, la marmite de fable lava est passée de 100 à 110 gourdes, la petite barre de savon Appolo de 10 gourdes à 11 gourdes, la barre de savon Banda de 5 à 6 gourdes, la petite boîte de lait Bongu de 20 à 22 gourdes, la petite marmite de pois noirs est passée de 50 gourdes à 75 gourdes, la grosse marmite de pois beurre de 250 gourdes à 400 gourdes, la marmite de sucre crème de 100 à 120 gourdes, et le coca de 15 à 17 gourdes. (…)
Il n’est en effet un secret pour personne que toutes les richesses du pays sont entre les mains de quelques riches familles haïtiennes. Ce sont elles qui décident de tout dans le pays, en dépit des balivernes des politiciens de la classe politique. Ce sont elles qui, pour accroître leurs richesses, ont transformé le pays en un vaste marché, pour la République dominicaine et les USA notamment. À partir du moment où elles peuvent, rien qu’en manipulant, en jouant sur le taux de change, le marché noir, faire fructifier leurs capitaux, le reste n’a aucune importance à leurs yeux.
Avec leur argent, elles s’achètent les politiciens, piétinent et réduisent à leur plus simple expression toutes les institutions du pays. Si le pays a fait tel choix économique plutôt qu’un autre, il faut croire que cela arrange cette oligarchie économique.
Oui, il faut produire, développer l’agriculture en fonction des besoins de la population ; il faut créer du travail en ouvrant de grands chantiers, que cela soit dans le domaine du logement, de la santé, de l’éducation, des infrastructures routières, du sport, etc. Mais cela risque d’être chimérique tant que les moyens pour le faire restent la propriété privée de quelques individus. Tant que l’économie est dirigée par cette poignée de sangsues, la misère et les calamités des masses ne peuvent qu’empirer.