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- Lutte ouvrière n°2449
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Leur société
Amiante : l’État complice des empoisonneurs
Au 1er juillet 2015, le seuil légal à partir duquel le danger de l’amiante est pris en compte dans une entreprise devait passer de 100 à 10 fibres par litre d’air. Cette norme plus stricte, prévue par un décret de 2012, devait ainsi diviser par dix la quantité d’amiante acceptable.
Mais, en mai dernier, le ministère du Travail annonça que cela attendrait 2016, au mieux. Et un nouveau décret du 29 juin n’évoque même plus la perspective des 10 fibres par litre : il maintient à leur valeur les trois seuils (100, 6 000 et 25 000 fibres par litre) qui définissent le type d’équipement de protection à utiliser.
À l’appui, le gouvernement invoque le retard d’une étude de l’Institut national de recherche en sécurité (INRS). Mais, dans le même temps, il refuse de rendre public un rapport du même INRS. Selon l’Andeva (Association nationale de défense des victimes de l’amiante), ce rapport confidentiel met en cause les chantiers de retrait de plâtres amiantés : sur la moitié d’entre eux, le seuil maximal de 25 000 fibres par litre d’air serait dépassé, et les prélèvements à l’intérieur des masques respiratoires eux-mêmes dépassent parfois les 100 fibres par litre.
Le principe de précaution, ajouté à la tragique histoire des victimes de l’amiante, voudrait qu’en attendant l’étude de l’INRS, le seuil de 10 fibres entre en vigueur, et que des contrôles stricts fassent respecter tous les seuils de protection. Mais le seul principe que semble connaître ce gouvernement, c’est de ne pas gêner le patronat, y compris quand des travailleurs sont « en situation de danger grave et imminent », comme le dénonce l’Andeva.