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Leur société
Taxis : libres... de se faire exploiter
Après la grève et les manifestations des taxis, jeudi 25 et vendredi 26 juin, la justice est intervenue et a placé en garde à vue deux des patrons de la filiale française de cette société américaine. Ils sont accusés d’organisation illégale, de mise en relation de clients avec des prestataires et de défaut de paiement de cotisations sociales.
C’est très exactement le but de Uber. Cette société propose, via une application Internet, de mettre en rapport un possesseur d’automobile et une personne voulant se déplacer. Uber fixe le prix de la course, l’encaisse, en garde 20 % et reverse 80 % au chauffeur. Uber propose donc le même service qu’un taxi, mais sans payer de cotisations sociales et sans payer la licence de taxi, une « plaque » qui peut valoir 200 000 euros dans les grandes villes. De plus, Uber pratique l’optimisation fiscale avec maestria : les 20 % qu’elle conserve sur chaque course sont versés à une société néerlandaise, laquelle verse suffisamment de droits à une société inscrite à la Barbade pour ne pas avoir d’impôts à payer aux Pays-Bas, et encore moins dans le pays où les courses sont effectuées.
Les tenants de la dérégulation affirment que l’apparition de Uber va faire baisser les prix. Dans un premier temps, jusqu’à ce que cette société se retrouve en situation de monopole, peut-être. Mais à quel coût social ?
Car les cotisations sociales et les impôts que Uber ne paye pas, qui va les payer ? Quels services utiles à la population l’État va-t-il supprimer pour compenser ce manque à gagner ? Que deviennent les caisses de Sécurité sociale, de retraite, les mutuelles privées d’adhérents ? La baisse du prix de la course, c’est en l’occurrence la baisse du prix du travail et, finalement, la baisse du niveau de vie des travailleurs.
Dans ces conditions Uber peut évidemment proposer aujourd’hui des courses à meilleur prix que les taxis, qui ont vu disent-ils leur clientèle se réduire rapidement. Certains affirment rouler désormais toute la journée uniquement pour rembourser les sommes empruntées pour payer plaque et véhicule. En défendant l’organisation de leur profession, les taxis défendent tout simplement leur gagne-pain
Mais c’est également ce que font les chauffeurs Uber qui sont eux aussi des travailleurs tachant de faire bouillir la marmite. Les deux catégories sont mises en concurrence, elles en sont même parfois venues aux mains. Uber ne fait qu’informatiser ce que le capital pratique depuis toujours.