Dimanche 28 juin, des manifestations ont rassemblé plusieurs centaines de personnes à Casablanca, Rabat, Agadir et Marrakech. En scandant « Mettre une robe n’est pas un crime ! », elles dénonçaient l’arrestation et la poursuite pour « atteinte aux bonnes mœurs » de deux jeunes femmes, qui avaient pour seul tort d’être allées faire leurs courses vêtues de robes !

Le 16 juin, ces deux jeunes femmes ont été prises à partie par l’un des commerçants du souk d’Inezgane, près d’Agadir, qui jugeait leur tenue indécente. Rapidement, elles furent entourées par une foule menaçante, ce qui entraîna l’intervention de la police. Mais plutôt que d’arrêter les barbus qui les agressaient, la police a embarqué les deux jeunes femmes. Elles ont passé la nuit au commissariat et ont été présentées devant le procureur le lendemain, en état d’arrestation. Celui-ci a décidé de les poursuivre pour « atteinte aux bonnes mœurs », ce qui pourrait leur valoir une condamnation allant d’un mois à deux ans de prison lors de leur procès prévu le 6 juillet prochain. Il n’a en revanche poursuivi aucun des hommes qui les avaient menacées.

Ce fait divers, bien révélateur de la complaisance dont font preuve les autorités marocaines envers les rigoristes et autres bigots en tous genres, a suscité une large indignation. Une pétition lancée quelques jours plus tard a d’ores et déjà recueilli 18 000 signatures, et a été suivie de plusieurs manifestations. Le but est d’obliger le ministre de la Justice à prendre position pour que les deux jeunes femmes soient innocentées et leurs agresseurs poursuivis. Plus largement, il s’agit de défendre le droit des femmes à la liberté et à la sécurité, quelle que soit leur façon de s’habiller.