Italie, Expo Milan 2015 : profits d’un côté, précarité de l’autre01/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2448.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie, Expo Milan 2015 : profits d’un côté, précarité de l’autre

Ouverte au public le 1er mai 2015, l’exposition universelle qui se déroule à Milan jusqu’en octobre prochain a été présentée par Renzi comme une « grande opportunité pour l’Italie », ayant même le pouvoir de sortir le pays de la crise. Mais c’est d’abord sans aucun doute une opportunité fantastique de profits pour les entreprises qui se sont partagé pour l’occasion des milliards d’argent public.

De la viabilisation des terrains à la construction d’une nouvelle bretelle d’autoroute, en passant par la construction et l’équipement des pavillons, tous les marchés publics ont été « facilités ». Comme le souligne un rapport publié en mai 2014 : « Les procédures ont été plus simples pour attribuer un contrat de plusieurs millions d’euros sur l’Expo que celles pour embaucher deux gardiennes dans une école primaire ». Sous prétexte d’urgence, les marchés ont été attribués à grands coups de dérogations aux règles des appels d’offres, d’où les affaires de corruption, de blanchiment d’argent et autres interventions mafieuses en marge d’Expo Milan.

Pour ne citer qu’un exemple, le géant du BTP Mantovani – dont le président a ensuite été arrêté pour une autre affaire de corruption, liée à la construction de la digue de la lagune de Venise – a décroché le contrat pour réaliser la dalle du site avec une facture réduite de 41 % par rapport aux 272 millions fixés, en se faisant attribuer deux autres contrats au même moment, pour un montant total de 40 millions, pour de prétendus « travaux complémentaires ».

Quant aux 70 000 emplois promis, c’est la précarité et même le travail gratuit qui dominent : les trois grandes confédérations syndicales italiennes ont signé en juillet 2013 un accord autorisant le recours au volontariat de milliers de jeunes pour l’accueil et l’information des visiteurs. À leurs côtés se trouvent des centaines de stagiaires sans plus de rétribution… Expo bénéficie de plus d’un « état d’exception » en raison de son « importance stratégique nationale », qui a permis aux organisateurs de proposer des contrats aux salaires inférieurs de 30 % à ceux pratiqués normalement.

Pour les mêmes raisons, les autorités ont un droit de regard sur le « profil » des travailleurs. Entre 2013 et mai 2015, 600 personnes ont été licenciées du chantier d’Expo suite à un avis négatif émis par la préfecture de Milan, avis pouvant être motivé par le casier judiciaire du salarié aussi bien que par ses engagements syndicaux ou politiques.

Quant à l’Expo elle-même, dont le thème est « Nourrir la planète – Énergie pour la vie », elle sert de vitrine aux grandes multinationales et aux États. Les prouesses technologiques et architecturales des différents pavillons servent les mêmes discours mensongers sur l’engagement des États et des entreprises contre le gaspillage des ressources naturelles et le réchauffement climatique. Une foire aux mensonges qui a coûté des milliards et que la population n’a pas fini de payer…

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