Financiarisation galopante : le stade sénile du capitalisme01/07/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/07/2448.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Financiarisation galopante : le stade sénile du capitalisme

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) constate elle-même dans un rapport publié le 17 juin que l’hypertrophie financière mine l’économie mondiale.

L’OCDE, sorte d’Insee à l’échelle des grands pays impérialistes, travaillant sous l’aile et avec les crédits et les données fournis par les gouvernements américain, britannique, allemand, français, japonais, etc., n’est pas réputée pour son esprit contestataire. Mais le résultat de cette étude est ce qu’il est.

Il en ressort que, depuis cinquante ans, l’activité de prêt des banques a augmenté trois fois plus vite que l’activité économique dans son ensemble. Les banquiers se transforment de plus en plus en simples usuriers et loin de financer l’économie, ils l’étranglent. Les auteurs du rapport affirment que, désormais, tout accroissement de la masse de crédit en circulation fait baisser la croissance à long terme ! Ils détaillent également la façon dont la financiarisation accroît les inégalités et permet, plus encore que par le passé, que les riches deviennent plus riches. Et le rapport de l’OCDE de conclure : les plus vulnérables socialement payent en fin de compte cette surexpansion du crédit.

Tout est à crédit, mais la société se ruine à rembourser les banquiers. Les exemples ne manquent pas : communes en faillite, hôpitaux dont le budget est contraint par les banques, pays entiers aux abois comme la Grèce ou Porto Rico, millions de familles expulsées de leur logement aux États-Unis, réduction générale des budgets sociaux pour payer les intérêts de la dette, partout la finance prélève sa « livre de chair ».

Ayant constaté, l’OCDE avance des explications. Les États, depuis quarante ans, auraient trop dérégulé, trop dégagé le terrain à la spéculation financière. Cependant, ce n’est ni une erreur, ni un hasard. Si tous les politiciens bourgeois, de tous les pays et de toutes les nuances, de Reagan à Mitterrand, ont ouvert les portes à la spéculation, c’est parce que le capital en avait besoin pour maintenir son taux de profit. La financiarisation générale de l’économie est devenue une caractéristique du capitalisme actuel et elle préside à tout son fonctionnement.

Comme le constate le rapport, les banques préfèrent prêter qu’investir dans la production. Les États protègent les entreprises financières les plus grosses sous prétexte qu’elles sont « trop grandes pour faire faillite ». Cela permet à ces dernières, assurées qu’elles sont du filet de sauvetage étatique, de multiplier les opérations spéculatives insensées et de faire des ponts d’or à leurs dirigeants. Le rapport de l’OCDE voit dans cette pratique la source de nouvelles inégalités et de nouveaux déséquilibres.

Bien sûr, les experts de l’OCDE concluent en alignant les recettes visant à civiliser le capital et à en modérer les excès. Ce sont les mêmes recettes qui, de crise en crise, de guerre en guerre, de catastrophe en catastrophe, n’ont jamais rien empêché. Mais, au moins, à la prochaine catastrophe financière, les experts en économie de la bourgeoisie ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

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